Le 3 juin, les autorités somaliennes ont confirmé la mort du commandant Mohamed Abdiwahid, chef du sixième bataillon des forces spéciales Gorgor (les aigles).

Il a succombé lors de combats engagés entre les shebabs et l’Armée nationale somalienne (ANS) dans le village de Jalable dans la région centrale de Shabelle (le même jour). Le chef de l’armée, le général Odowaa Yusuf Rageh qui commandait cette opération a déclaré que plus de cent insurgés shebabs avaient été tués. L’objectif à atteindre est de chasser les rebelles de la région d’Enditem.
Cette unité des forces spéciales Gorgor avait terminé sa formation à Isparta en Turquie(1) et avait été rapatriée à Mogadiscio le 9 mars 2021 par voie aérienne. Elle avait été accueillie par le ministre de la défense somalien, Hassan Mahomed Amardanbe, le général Rageh et de nombreux officiers supérieurs à l’aéroport international Adan Adde.
Le major Mohamed Abdiwahid (qui aurait participé à cette instruction) servait dans l’armée somalienne depuis dix ans.

Le premier ministre somalien Mohamed Rooble a présenté ses condoléances à la famille de l’officier, à l’armée et au peuple somalien dans son ensemble.

Le Turquie fait globalement un énorme effort en Afrique (dont le plus connu est celui conduit en Libye) et particulièrement en Somalie. Le président Recep Tayyip Erdoğan avait effectué en 2011 la première visite d’un leader non africain dans ce pays ravagé par la guerre civile depuis 20 ans.
Pour cela elle met ses compétences reconnues dans le domaine du génie civil pour reconstruire les infrastructures telles que des routes, des ponts, des bâtiments dont des hôpitaux mais aussi dans le domaine sécuritaire en fournissant des matériels et en assurant une formation pour la brigade commando Gorgor et l’unité spéciale de la police Haramcad (guépard). Le plus grand camp d’entraînement turc à l’étranger « Camp TURKSOM » (Somali Türk Görev Kuvveti Komutanlığı) se trouve dans la banlieue de Mogadiscio. À l’été 2021, l’ambassadeur turc à Mogadiscio, Mehmet Yilmaz, avait affirmé que la Turquie allait bientôt avoir formé un tiers des forces militaires somaliennes soit environ 15.000 à 16.000 personnels. Tout cela est complété par une aide humanitaire et dans le domaine de l’éducation.

Mais, selon certains observateurs, l’influence turque sur le continent africain est surtout motivée par la volonté des Frères musulmans d’y étendre leur idéologie et de l’imposer, soit par la persuasion (méthode habituelle de la confrérie), soit par la force. Par exemple, en Somalie, la brigade Gorgor servirait aussi à mater toute opposition et pas uniquement les shebabs. D’ailleurs, une autre unité de force spéciales instruite depuis 2014 par les Américains, la brigade Danab, remplit déjà ce rôle et à priori avec plus de succès.
Comme en Libye, les actions de la Turquie seraient essentiellement financées par Doha (grand défenseur des Frères musulmans). Il se dit que « l’homme de Doha » à Mogadiscio est Fahad Yasin Haji Dahir, le directeur de l’Agence Nationale de renseignement et de sécurité (NISA) estimé proche du parti Al-Islah.

1. Lire aussi : « Turquie : des stagiaires étrangers s’entretuent dans une école militaire ».

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Alain Rodier

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