Au moins 31 militaires nigérians ont été tués le 25 avril lors d’une embuscade près de la localité de Mainok située à 50 kilomètres de Maiduguri dans l’État de Borno.

Des jihadistes de la « Province de l’État Islamique de la Province de l’Ouest » (en anglais ISWAP) ont attaqué ce convoi qui transportait armes et munitions vers Maiduguri puis ils ont investi un camp militaire voisin (repris depuis par les forces gouvernementales).

Cette attaque est la plus meurtrière de l’année dans un conflit qui a déjà fait en une dizaine d’années plus de 36.000 victimes et au moins deux millions de déplacés.

Les rebelles avaient rejoint leurs positions à bord de nombreux véhicules dont deux MRAP (Mine Resistant Ambush Protected vehicles). Cette zone est infestée depuis des années par des rebelles qui montent, par exemple, des points de contrôle sur l’autoroute de 120 kilomètres qui relie Maiduguri à Damaturu dans l’État de Yobe.

L’ISWAP a été fondé sur la base d’une sécession avec Boko Haram en 2015 après que son émir, Abubakar Shekau, ait été écarté de Daech par Abou Bakr Al-Baghdadi. Ce denier reprochait à Shekau d’utiliser des femmes pour mener le jihad (en particulier lors d’attentats-suicide où même des fillettes étaient transformées en mules explosives), ce qui est rigoureusement interdit par les textes sacrés régissant l’islam.
Al-Baghdadi reconnaît alors Abou Moussab al-Barnaoui qui dirige alors un mouvement appelé « Ansaru » comme son représentant au Nigeria(1).
Ansaru devient la « Province de l’État Islamique de la Province de l’Ouest » (ISWAP) en 2016 mais Abou Mosab al-Barnaoui est destitué à son tour par Abou Bakr Al-Baghdadi en mars 2019. Il serait remplacé par Abou Abdallah Idrisa ou Abou Abdullah Ibn Umar Al-Barnaoui. Depuis 2016, l’insurrection jihadiste s’est étendue au nord-est du Nigeria(2), au Tchad et au sud-est du Niger. En mars 2019, l’ISWAP est rallié par l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) d’Abou Walid al-Sahraoui alias Lehbib Ould Ali Ould Saïd Ould Joumani présent au nord-est du Mali, au nord du Burkina Faso et dans l’ouest du Niger.

Depuis 2019, la tactique des forces gouvernementales nigérianes a consisté à évacuer les petites garnisons pour créer des « super camps » qui résistent mieux aux assauts des rebelles. Le défaut est que le terrain a été abandonné aux jihadistes qui évoluent comme ils le veulent en asservissant les populations civiles.

Si l’on rajoute la Province Islamique d’Afrique Centrale très active depuis des mois au nord du Mozambique, la Wilayat Somalie et la Wilayat Sinaï, il est aisé de constater que Daech fait effort (surtout depuis sa défaite militaire sur le théâtre syro-irakien au printemps 2019) sur le continent africain.

1. Shekau continue à affirmer qu’il dépend de Daech mais rebaptise son unité « Groupe sunnite pour la prédication et le djihad ».
2. la zone historique de Boko Haram reste le nord-est du pays et ne nord du Cameroun.

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Texte

Alain Rodier

Photos

AFP