Interpol a annoncé le 4 février que la police sud-africaine avait démantelé un réseau criminel impliqué dans la commercialisation de faux vaccins contre la Covid-19. L’enquête a permis de découvrir un trafic semblable en Chine.

Ainsi, les autorités sud-africaines ont saisi quelque 400 ampoules – l’équivalent d’environ 2.400 doses – contenant de faux vaccins dans un entrepôt situé en périphérie de Johannesburg. Les policiers ont également saisi une grande quantité de faux masques de protection. Trois ressortissants chinois et un Zambien ont été appréhendés.

La présence de ces Chinois n’étonne pas les analystes quand on sait que les triades sont très présentes en Afrique. Jusqu’à maintenant, elles s’occupaient surtout du trafic d’espèces protégées (cornes de rhinocéros, ivoire, etc.) très appréciées en Extrême-Orient et, dans l’autre sens, elles faisaient entrer clandestinement de l’héroïne provenant du « triangle d’or » (Myanmar – ex-Birmanie -, Laos, Thaïlande) qui rejoignait ensuite l’Europe par la « route africaine »(1).

Une opération similaire a permis d’arrêter quelques 80 suspects en Chine après que la police ait perquisitionné des ateliers de fabrication et saisi plus de 3.000 faux vaccins sur place.

Jürgen Stock, le secrétaire général d’Interpol a prévenu : « Bien que nous nous réjouissions de ce résultat, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg en ce qui concerne la criminalité liée au vaccin contre la Covid-19 ». Il est vrai que les quantités saisies sont pour l’instant négligeables et doivent dans la réalité être bien plus importantes dans les pays où les contrôles sont insuffisants.

Interpol a indiqué que les enquêtes se poursuivent et qu’en plus des arrestations en Afrique du Sud et en Chine, il reçoit également des rapports supplémentaires sur la distribution de faux vaccins et sur des tentatives d’escroquerie visant des organismes de santé, tels que des maisons de retraite. Il est aussi question des faux certificats de vaccination qui vont être très recherchés dans les mois – et sans doute les années – à venir. Gros avantage, ils seront relativement faciles à réaliser et surtout, pour un prix modique. De gros bénéfices peuvent être attendus.

D’un autre côté, le crime organisé a souffert des mesures de restriction liées à la crise provoquée par la Covid-19. En effet, des principales rentrées d’argent provenaient des trafics de drogues dont les flux ont été notablement diminués par la fermeture de nombre de frontières, par le racket sur les activités liées au tourisme (hôtels, restaurants, casinos, prostitution, etc.). Mais il s’est adapté à la nouvelle situation se tournant vers les cybercriminalités (et les rackets qui peuvent être mis en œuvre sur le net – les plus écoeurants étant ceux visant les établissements de santé – sans compter les escroqueries diverses et variées) et vers le paramédical et médical, domaines déjà exploités depuis des dizaines d’années avec le « tourisme médical », les trafics d’organes et la commercialisation de faux-médicaments qui inondent la toile et l’Afrique.

Les mafias jouent aussi sur la crédulité et la peur de certaines parties de la population en développant des théories complotistes en proposant des réponses – très chères – de type sectaire qui connaissent un développement exponentiel.

1. Qui rejoint celle de la cocaïne en provenance d’Amérique latine. Les itinéraires empruntés sont les mêmes que ceux de la majijuana d’origine marocaine. Viennent s’ajouter les drogues chimiques qui sont désormais fabriquées un peu partout. Tant qu’il y aura des consommateurs, il y aura du trafic et la « légalisation » n’est pas la solution puisque le crime organisé sait très bien en profiter.

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Texte

Alain Rodier

Photos

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