Plusieurs navires de guerre ont franchi ces derniers jours le canal de Suez, traversé la mer Rouge ont pris la direction de la mer d’Arabie ce les a amenés au large des côtes iraniennes. Ainsi, le sous-marin à propulsion nucléaire américain de classe Ohio, USS Georgia (SSGN-729) armé de 154 missiles tactiques mer-terre Tomahawk, a franchi en surface le détroit d’Hormuz le 21 décembre. Il aurait pu le faire en plongée, mais les Américains tenaient à ce que l’information soit rendue publique.

Ce bâtiment est accompagné de deux croiseurs lance-missiles de classe Ticonderoga, l’USS Port-Royal (CG-73) et l’USS Philippine Sea (CG 58).

Plus confidentiellement, un sous-marin israélien aurait aussi franchi le canal de Suez récemment vers la mer Rouge, mais sa position actuelle n’est pas connue. L’État hébreu en possède six de classe Dolphin construits par les chantiers navals allemands Howaldtswerke-Deutsche Werft AG (HDW). Ils ne peuvent pas être à la mer simultanément en raison des contraintes de l’entretien. Ils sont à propulsion classique, mais les derniers bénéficient du système anaérobie qui leur permet de rester en plongée durant des périodes plus longues. Ils peuvent tous lancer des missiles de croisière et des experts estiment que certaines de ces armes seraient dotées d’une ogive nucléaire. Il semble qu’un sous-marin est déjà basé en permanence à Eilat.

Plus au Sud-ouest, le porte-avions USS Nimitz (CVN-68) et son escorte (la Vè flotte de l’US Navy) ont été renforcés par des bâtiments de la 15e Unité expéditionnaire des Marines arrivés depuis peu en provenance de mer de Chine (via le détroit de Malacca). Basée autour du porte-aéronefs (LHD) USS Makin Island (LHD-8) armé d’un escadron de dix chasseurs-bombardiers F-35B Lightning II, et des navires d’assaut naval USS Somerset (LPD-25) et USS San Diego (LPD-22), cette force considérable croise à l’Est de la Corne de l’Afrique dans le cadre du retrait américain de ce pays annoncé par Donald Trump. L’opération a été baptisée « Octave Quartz ». Cela dit, une fois les 700 militaires américains exfiltrés de Somalie vers Djibouti et le Kenya voisins, il ne faudra pas longtemps à cette force pour rejoindre la Mer d’Oman mettant l’Iran à sa portée.

Même si ces informations ne sont pas confirmées, deux autres porte-avions et leur escorte seraient sur zone: l’USS Theodore Roosevelt (CVN-71) avec le groupe aéronaval CSG-2 et l’USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) avec le groupe aéronaval CSG-8. Au total, ce seraient donc trois des onze porte-avions américains qui seraient opérationnels sur zone actuellement. Une telle concentration est extrêmement rare.

C’est l’US Central Command (CENTCOM) qui dirige la manoeuvre sous le commandement du général Kenneth McKenzie qui se rend souvent dans la région. Il a déclaré :  » Nous sommes prêts à nous défendre et à défendre nos amis et nos alliés dans la région, et nous sommes prêts à réagir si nécessaire » en faisant référence à d’éventuelles actions qui pourraient être lancées au début janvier par l’Iran pour « commémorer » la mort du major-général Qassem Soleimani tué le 3 janvier 2020 à Bagdad. Même si les bases aériennes américaines de la région ne manquent pas d’appareils de frappe au sol, deux B-52 venant des États-Unis ont récemment effectué un passage en limite de l’espace aérien iranien…

Sur un plan purement tactique, si l’ordre en était donné, les États-Unis n’ont pas besoin de toutes ces forces navales pour frapper l’Iran. En effet, ils possèdent assez de bases dans les pays environnants pour lancer une opération d’envergure (sans compter les B-52 qui peuvent venir directement des USA, de Grande-Bretagne, ou de Diego Garcia).
Ce déploiement naval constitue donc surtout une démonstration de force destinée à dissuader Téhéran de toute initiative trop belliqueuse au début janvier.

Plus la date de passation de pouvoirs à la Maison-Blanche se rapproche, plus le risque d’une opération militaire américaine à grande échelle diminue. Cela semble irriter au plus haut point Israël qui espérait bien que Donald Trump gagnerait l’élection présidentielle américaine et qu’en cas contraire, il donnerait un dernier coup de pied dans la fourmilière. Toutefois, l’État hébreu prend ses précautions et multiplie les exercices de défense antiaérienne dans le but de mobiliser sa population contre une éventuelle frappe ayant pour donneur d’ordres Téhéran…

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Texte

Alain Rodier

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