Depuis le début de l’ambiance insurrectionnelle qui préside dans certaines régions des États-Unis, une milice composée uniquement d’Afro-américains (pas de blancs, d’hispaniques, d’asiatiques…) tient le haut du pavé médiatique, particulièrement en Géorgie. Héritière de l’esprit des Black Panthers, elle porte plusieurs noms dont le plus populaire est « Not Fucking Aroud Coalition » (NFAC), l’auteur laissant au lecteur le soin de traduire cette charmante expression. Ce qui est étonnant réside dans le fait que son objectif serait, en dernier recours, de quitter le territoire américain pour aller bâtir une nouvelle nation sur le continent africain. Cette idée qui, si elle n’est pas nouvelle, n’a pas rencontré jusque là un grand succès (c’est le Ghana qui compterait le plus de migrant américains. Le chiffre de 3.000 est avancé).

Comme cela est l’habitude dans les milices américaines qui sont « traditionnelles », ses membres sont surarmés avec des fusils semi-automatiques (facilement transformables en « full auto »), riot guns et toute la panoplie des armes de poing disponible. Cette milice privilégie la tenue noire des forces d’intervention de la police, les légendaires SWAT (Special Weapons And Tactics) avec les gilets tactiques qui vont avec (les milices blanches préfèrent généralement la tenue camouflage militaire). Les membres de cette milice préservent leur anonymat sauf leur leader et porte-parole, le « Grand maître Jay » (vraisemblablement en dérision du Ku Klux Klan qui est encadré par une hiérarchie rigide allant du « Grand Sorcier Impérial » en passant par le « Grand Dragon », le « Titan » jusqu’à l’activiste de base. Son identité réelle est John Jay Fitzgerald Johnson. Ancien militaire, il déclare: « Nous somme là pour protéger le communauté noire […] La première des chose consiste à nous donner notre terre ici ainsi nous pourrons nous y installer et avoir notre propre gouvernement ». Certains ont compris qu’il demandait l’annexion d’une partie du Texas mais selon lui, ses propos ont été mal interprétés car il ne donnait qu’un « exemple ».

La solution la plus radicale consisterait à la migration de 45 millions d’Afro-américains vers l’Afrique pour y fonder un État qui aurait, comme les autres, sa voix aux Nations Unies pour défendre ses administrés. Maître Jay dit être en contact avec des dirigeants africains qui considèreraient cette option avec bienveillance. À confirmer…

Le NFAC se démarque du mouvement Black Lives Matter (BLM « les vies noires comptent », créé en 2013) dont il a fait partie il y a plusieurs années estimant qu’il ne représente pas les sentiments de la communauté noire américaine. En particulier, le BLM ne croit pas en la violence mais le NFAC, si.

Des incidents peuvent rapidement dégénérer. Ainsi, lors d’une manifestation à Louisville dans l’État du Kentucky, des coups de feu ont retenti lors d’une manifestation ayant eu lieu fin juillet et trois activistes ont été évacués par les services d’urgence. Il semble que ces coups de feu étaient accidentels et dus à des miliciens eux-mêmes. Cela dit, la police – quoiqu’en disent ses détracteurs très en vogue à l’heure actuelle aux USA – qui a encore une utilité vitale, s’est interposée avec une milice blanche anti-fédérale appelée les III % (3 %, Three Percenters).

Lorsque l’intolérable sera dépassé, c’est-à-dire quand il y aura eu mort d’homme, les observateurs se poseront ingénument la question « comment en est-on arrivé là ? ». Depuis que le discours politique américain n’est fait que d’invectives assassines relayées par les tweetsprésidentiels qui parfois se contredisent (aucun des deux camps n’est exempt de reproches, les Démocrates en mal de voix en vue de la prochaine élection présidentielle se montrent particulièrement vindicatifs), il semble logique que les citoyens de base dûment échauffés (pas seulement par leurs responsables politiques mais aussi par les groupes de pression racialistes) finissent par en venir aux mains (et aux armes). Cela s’appelle la révolution et le problème réside dans le fait que ceux qui ont appelé au meurtre sont très rarement en première ligne !

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Texte

Alain RODIER

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