Sur fond de tension entre Bogota et Caracas, les Farc envisageraient de reprendre la lutte armée.
À la fin de l’été dernier, alors que la situation s’est fortement dégradée entre la Colombie et le Venezuela, des dissidents des Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia – Ejército del Pueblo (FARC-EP) ont menacé de vouloir reprendre la lutte armée contre les autorités colombiennes.
Le numéro deux des FARC et ex-négociateur des accords de paix avec Bogota, Ivan Marquez, a annoncé la création du Mouvement bolivarien pour la Nouvelle Colombie, en réponse à la « trahison par l’État » des accords de paix de La Havane, qui ont permis le désarmement, en 2017, de quelque 7 000 combattants des FARC-EP. Ivan Marquez a précisé que le nouveau mouvement cherchera à coordonner ses efforts avec la guérilla de l’Ejército de Liberación Nacional (ELN). Considéré comme la dernière guérilla active de Colombie, l’ELN s’est renforcé ces dernières années, passant de 1 800 à environ 2 300 combattants, selon les autorités colombiennes ; alors que les groupes dissidents des FARC-EP comptent environ
2 000 guérilleros. Selon des estimations, ces derniers opéreraient dans 85 municipalités et seraient regroupés en 23 structures comptant 1 800 guérilleros, en plus de 300 nouvelles recrues.
Pour les autorités de Bogota, il ne fait aucun doute que, derrière la menace d’un retour à la lutte armée, il y a la main de Nicolás Maduro, le président de la République bolivarienne du Venezuela.
Selon l’hebdomadaire colombien Semana, les services de renseignement vénézuéliens, qui entretiendraient des relations avec les groupes rebelles colombiens, seraient derrière
ces « manœuvres visant à déstabiliser la Colombie ».
Un avis partagé par le général Luis Fernando Navarro, le CEMA colombien. « La connivence des autorités du régime de Maduro, de la garde nationale et de l’armée bolivariennes nous est connue depuis longtemps, celle-ci garantissant une permissivité totale et absolue à ces bandits », a déclaré le général Navarro, lors d’un entretien accordé au quotidien El Tiempo. Selon lui, environ 1 600 rebelles colombiens auraient trouvé refuge au Venezuela. La réponse de Caracas ne s’est pas fait attendre. Le président Maduro, dont l’autorité est contestée par l’opposant Juan Guaido, a accusé Bogota de « manœuvrer » dans le but de « déclencher un conflit militaire » en se servant du prétexte d’un possible retour à la lutte armée des ex-combattants des FARC-EP. Du coup, il a annoncé que les unités de l’armée vénézuélienne déployées le long de la frontière avec la Colombie seraient placées en alerte pour faire face à toute agression extérieure.
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