Depuis janvier 2019, les efforts de la Maison Blanche pour se retirer de l’Afghanistan sont bloqués par le gouvernement afghan. Pourtant, fin février à Doha, au Qatar, les pourparlers entre les Américains et les talibans ont repris. Fin janvier, lors de la quatrième rencontre, les négociateurs talibans avaient même laissé entendre qu’un accord serait possible à court terme. Cependant, le président afghan était tenu à l’écart des négociations sur son pays !

Selon les connaisseurs, les talibans seraient prêts, sous la pression des Pakistanais, à parler avec des mouvements politiques afghans (légaux) et à accepter que des unités américaines – très restreintes, il est vrai – restent dans le pays mais seulement pour protéger les sites diplomatiques. Pour aider aux négociations, le Pakistan a libéré le mollah Abdul Ghari Baradar, devenu l’un des « diplomates » talibans majeurs car il serait favorable à la réconciliation nationale et à la présence des talibans dans le jeu politique afghan.

En contrepartie, les talibans s’engageraient, selon le gouvernement d’Islamabad, à être plus fermes face aux mouvements islamistes présents en Afghanistan, dont l’État islamique et Al-Qaïda avec qui les liens sont très forts.

Mais cela se complique car, selon différentes sources, les talibans seraient en discussion avec une partie de l’opposition (légale), dont celle dirigée par l’ancien président Hamid Karzaï. Ce qui n’est pas sans inquiéter l’actuel président Ashraf Ghani qui, certain du fait que les Américains veulent quitter l’Afghanistan dans les 18 mois, a lancé son processus de réconciliation, en opposition avec un possible accord américano-saoudien-émirati-taliban ! Sans oublier d’autres initiatives du même ordre émanant d’anciens politiques afghans. Pour le moment, le principal écueil à la paix semble être plus à Kaboul qu’à Doha.

Ce qui fait un sacré imbroglio. Pourtant l’idée des Américains, quitte à tordre le bras au président Ghani, c’est d’arriver à un cessez-le-feu en juillet, de poursuivre les discussions inter-afghanes – du moins avec l’opposition à la présidence – jusqu’à la signature de la paix. Et, aussitôt après, de ramener les troupes américaines aux États-Unis !

Bonne lecture.
Eric Micheletti

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