Le temps n’est plus à la diplomatie, à Téhéran, où le chef des pasdarans a de plus en plus de poids.

Le 25 février, le président Bachar el-Assad a effectué sa première visite à Téhéran depuis le début de la guerre civile en 2001 (la dernière remontait à octobre 2010). Il a été reçu par le Guide suprême de la Révolution Ali Khamenei et par son homologue Hassan Rohani. La présence du major général Qassem Souleimani, le chef de la force Al-Qods des pasdarans, a été remarquée. Par contre, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif n’avait pas été convié. Il en a pris ombrage et a présenté dans la foulée sa démission, laquelle a été rejetée par le président Rohani. Qassem Souleimani s’est fendu d’une déclaration apaisante, affirmant que le ministre des Affaires étrangères iranien avait toute la confiance de Khamenei (dont il n’est pas pourtant le porte-parole) et qu’il s’agissait uniquement d’un « malheureux oubli » du protocole de la présidence. Il n’en reste pas moins que cela démontre que, si le ministère des Affaires étrangères est toujours compétent pour les relations internationales – même s’il peut avoir ressenti la sortie de Washington de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, dit plan d’action conjoint, comme un échec cinglant –, la gestion du « croissant chiite » (Iran, Irak, Syrie, Liban, Bahreïn,Yémen) reste l’apanage des pasdarans, en général, et du major général Souleimani, en particulier. Plus globalement, la politique offensive conduite par les États-Unis, Israël et l’Arabie Saoudite à l’égard de l’Iran fait que le temps de la diplomatie représentée par Mohammad Zarif s’estompe progressivement face à celui de l’affrontement personnifié par Souleinani. Dans la propagande habilement distillée par Téhéran, à Trump affirmant que les « sanctions arrivent », Souleimani réplique : « Je me tiendrai devant vous. » Après les récents attentats dirigés contre les pasdarans par des activistes arabes séparatistes, il vise l’Arabie Saoudite soupçonnée de soutenir les terroristes agissant sur le sol iranien : « Je vous préviens, ne testez pas la tolérance iranienne. » La conférence sur la sécurité au Moyen-Orient organisée par Washington à Varsovie à la mi-février a d’ailleurs été très significative à ce sujet. Se tenant près du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Mike Pompeo, le secrétaire d’État US, a déclaré lors de cette réunion : « Vous ne pouvez assurer la stabilité au Moyen-Orient sans affronter l’Iran. Ce n’est juste pas possible. » Il risque d’être entendu.

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