Depuis sa nomination comme premier ministre en 2018, Adel Abdel-Mehdi a doublé le budget alloué aux milices irakiennes. Que représentent-elles aujourd’hui ?
Les Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaires ou UMP) ont été officiellement créées le 15 juin 2014 à partir de sept organisations armées qui, toutes, s’étaient opposées à l’armée américaine. Le 13 juin, le Grand Ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité religieuse irakienne, avait émis une fatwa appelant à faire barrage à l’offensive de Daech. Mossoul était tombée sans résistance le 10 juin. Les UMP ont été les premières à s’opposer à Daech grâce à l’appui iranien qui a permis d’inverser la dynamique de la guerre. De leur côté, les Américains suivis de la coalition internationale ont apporté leur soutien aux forces irakiennes et kurdes. Daech s’est alors retrouvé sur la défensive.
Jusqu’en août 2018, les UMP dépendaient de Falih al-Fayyadh, conseiller à la sécurité nationale auprès du Premier ministre. Leur chef militaire est Abou Mahdi al-Muhandis, un ami personnel du major général Qassem Souleimani. Toutefois, chaque unité a toujours gardé sa propre hiérarchie, tout en restant très indépendante vis-à-vis d’un commandement central.
Elles sont fortes 150 000 hommes, membres de plus de 60 formations très majoritairement chiites, mais quelques-unes sont sunnites, yézidies ou même chrétiennes. En 2018, le statut des miliciens a été aligné sur celui des militaires et policiers. Selon différentes évaluations faites en 2016, entre 16 000 et 30 000 miliciens sunnites serviraient au sein des UMP.
Mais les chiites se répartissent globalement en trois catégories : les fidèles du Grand Ayatollah Sistani, qui seraient les plus apolitiques ; les branches armées de différents partis politiques, dont l’ex-Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr, le grand vainqueur des élections de 2018 (ces deux premières catégories restent « nationalistes », malgré leurs liens avec Téhéran) ; enfin, les groupes armés formés depuis des années qui ont toujours combattu les Américains et qui sont intimement liés à Téhéran.
Pour compliquer le tout, il y a des milices turkmènes soutenues par Ankara qui ont deux adversaires : les Turkmènes sunnites qui ont rejoint Daech et les Kurdes dans leur globalité.
Ces milices sont présentes partout où elles ont combattu, donc majoritairement dans les régions sunnites puisque c’est là que Daech sévissait. Il n’y a que la ville de Mossoul qui n’a pas connu la présence de ces milices chiites qui avaient été chargées de couper les approvisionnements venant de l’ouest. Par contre, elles ont participé à la récupération de Kirkouk sur les Kurdes en octobre 2017.
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