L’état-major de l’Armée de terre a présenté la plupart des effets du « Combattant 2020 », le 31 janvier. Le cœur de cet ensemble de « petits équipements » est le treillis F3, dont la fiche d’expression de besoin avait été initiée en 2015. Pour un coût de 125 euros TTC, il est réputé résister au feu jusqu’à sept secondes, le but étant évidemment de protéger les soldats des effets des IED. La fibre aramide qui procure cet effet protecteur est produite par Kermel à Colmar. Elle est ensuite mélangée à de la viscose.
Trois prototypes ont été conçus par l’atelier du Centre d’expertise du soutien du combattant et des forces (CESCOF). Le F3 devait aussi amener une coupe ajustée et un tissu respirant. 100 personnels du commissariat (SCA) ont été associés au développement du F3, notamment via les tests réalisés au LABOCA (laboratoire du SCA). « Le plus exigeant pour les ingénieurs était de trouver un parfait équilibre entre la résistance au feu, la résistance aux abrasions et aux déchirures, tout en disposant de propriétés antimoustiques et anti-infrarouges, et qu’il les conserve après usage et lavage », explique un des officiers qui a œuvré sur le développement du F3.
Les premiers prototypes ont été testés sur 200 militaires, notamment du 1er RHP et du 92e RI, à l’automne 2014. Puis les livraisons ont été plus importantes, pour des tests intensifs de terrain. Cette fois, c’est le 2e REI qui l’a testé sous toutes les coutures, en 2015, en France et aux Émirats arabes unis. Les retours ont permis de bien identifier à la fois tissu et coupe. Une deuxième campagne a alors été menée en 2016 avec le pré-F3 modifié. L’Armée de terre et le SCA ont ensuite cherché les fournisseurs de tissus et les spécialistes en confection. Les premiers sont les français TDV (à Laval) et Euro Protection (à Roubaix), et l’entreprise belge, Utexbel. La fabrication est assurée par deux bulgares, Karo et Transconfection et un belge, Seintex.
Le marché a ensuite été notifié en août 2018. Les premiers 20 000 treillis en camouflage sable ont été perçus par l’Eloca, l’entrepôt logistique du SCA, en décembre, puis expédiés mi-décembre vers les groupements de soutien et remis aux régiments en janvier. Les premiers militaires sont partis en opex dans la foulée. Pour l’instant, seuls les personnels de Barkhane en sont dotés afin d’en retirer le plus de retex, sur un théâtre exigeant. Puis les autres théâtres seront équipés au fur et à mesure, d’ici la fin de l’année, pour les trois armées, d’ailleurs.
En organique (sur les bases en France), l’équipement des trois armées devrait être terminé entre 2023 et 2024. Les recomplètements auront lieu au fur et à mesure de l’usure. Une partie du « Combattant 2020 » a déjà été livrée, notamment les chaussures (des marques allemandes Lowa, Haix et Meindl), les structures modulaires balistiques (SMB, produites par le groupe norvégien NFM), les casques Félin (de l’américain MSA). Des compléments de livraison doivent intervenir sur les SMB pour atteindre la totalité de la dotation : un appel d’offres estimé à 41 millions d’euros a d’ailleurs été émis en janvier dernier.
Le groupe américain Oakley avait été retenu l’été dernier par le SCA pour fournir des lunettes et masques de protection oculaires, dans le cadre d’un marché pluriannuel négocié, sans recourir à un distributeur ou une agence d’achat. 15 références d’Oakley et sept d’ESS (marque logée dans le même groupe) étaient concernées.
Le CAC, le nouveau couteau remplaçant l’historique Tatou, est en cours de livraison : il a été élaboré à Thiers. Parmi les évolutions, une lame crantée en acier Nitrox, un coupe-sangle, un unique couvert servant à la fois de fourchette et de cuiller. Perdurent l’incontournable tire-bouchon et l’étui désormais clos par un clip remplaçant le scratch.
L’EMAT et le SCA planchent sur le poncho futur, qui devra aussi servir d’hébergement voire de camouflage d’urgence. Des prototypes de parkas sont également en cours d’examen. Pour les troupes de montagne, un modèle italien fourni par Grassi développé avec Gore-Tex était présenté, et l’appel d’offres est en cours pour la parka toutes armes. Aussi sur le feu, une doudoune compactable à revêtement déperlant, qui pourrait être placée sous la SMB et sur le F3 pour le temps froid. Ce vêtement unique remplacerait la combinaison de l’actuelle polaire qui était une révolution (mais en 1995) et la veste matelassée de la même époque. Il en résulterait un gain de poids estimé à 50 %.
Un développement est en cours pour remplacer la traditionnelle musette de 40 litres et le sac de combat, dans un sac unique modulaire, en concept gigogne, qui irait de 40 à 90 litres. Un prototype a déjà été développé avec le français Geopack, sous le nom de X-os. L’ensemble du paquetage, hors SMB (qui revient entre 1 400 et 1 600 euros HT), est estimé par l’EMAT à environ 2 000 euros. Son coût a augmenté notablement, même si la source ne le chiffre pas, estimant que « la vie des soldats n’a pas de prix ». Au passage, on l’a vu aussi à plusieurs reprises, des gains de poids significatifs ont été obtenus, ou sont en passe de l’être. Ce doit être également les objectifs pour les couvre-sacs et sacs de couchage qui font l’objet de travaux.
On le sait aussi, en matière de tenue, les forces spéciales ont également des évolutions en cours. C’est le cas avec le MFO (multifonctions opérations) mis au point par le CESCOF pour offrir une alternative au Crye Precision, très répandu dans les forces spéciales du monde entier, mais réputé très coûteux. La France a décidé de développer sa propre solution : le MFO V1 a été testé, et plusieurs remontées sont revenues du terrain pour pouvoir améliorer le produit dans une V2 définitive.
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