Au printemps, RAIDS a pu visiter une base militaire suisse à Thoune, près de Berne, et rencontrer les responsables de l’état-major suisse. Un modèle isolé, compliqué par le multilinguisme, mais résilient et efficace.

Le système est ancestral : les jeunes Suisses mâles doivent chaque année du temps à leur défense ; les femmes peuvent également le faire, sur la base du volontariat. L’obligation dure jusqu’à l’âge de 29 ans pour les soldats, 42 ans pour les officiers, 50 ans pour les officiers supérieurs, 60 ans pour les généraux. Il faut être volontaire pour le service après 60 ans. En 2013, un référendum d’initiative populaire (ou « votation ») a interrogé les électeurs sur le maintien du volontariat dans la milice. 73 % des votants ont voulu le maintenir. 

Pour apprendre la MILITARITE

 

Le service à la milice est obligatoire et concerne toute la population, contrairement aux réservistes en France – ce qui rend illusoire toute comparaison rapide. Mais, en Suisse, les miliciens connaissent de façon très précise quand et combien de temps ils seront employés ; là aussi une énorme différence par rapport à la France. A 18-19 ans, les jeunes doivent se rendre à une journée d’information, puis ils sont sélectionnés pendant trois jours, et orientés en fonction de leurs qualités et des besoins. Ils feront ensuite leur école de recrues pendant 18 semaines, pour apprendre la militarité et leur spécialité. 18 000 jeunes sont ainsi formés chaque année. Un service long de 300 jours est aussi possible. A l’issue de l’école de recrues, les miliciens reviendront, au cours des neuf années suivantes (avec possibilité d’extension à 12 ans), pour des « cours de répétition ». « On peut sauter un cours, mais il faut faire six cours sur neuf ans », explique le commandant de corps Dominique Andrey, ancien chef d’état-major de l’armée de terre et actuel conseiller en matière de politique militaire du chef du DDPS (Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports), qui nous briefe à Berne. ⇐

L’âge maximum des miliciens a été abaissé pour passer dans le nouveau format de la milice à 134 000 hommes et femmes, dont un peu plus de 3 000 permanents (800 officiers et 2 500 sous-officiers). Néanmoins, et cela montre à quel point la milice est ancrée dans le décor, ces cadres ont aussi une fonction dans la milice. Ces 134 800 miliciens se déclinent en 14 500 officiers, 22 800 sous-officiers et 97 500 soldats. 

L’article 58 de la Constitution fédérale précise que « la Suisse a une armée. Celle-ci est organisée essentiellement selon le principe de l’armée de milice ». L’article 59 ajoute : « Tout homme de nationalité suisse est astreint au service militaire. »

L’objectif du système, rappelé par le commandant de corps Andrey, est particulièrement ambitieux : mobiliser 35 000 hommes en 10 jours – pas sûr qu’on le pourrait en France, dans notre armée pourtant professionnelle… Afin d’arriver à ce niveau de réactivité, et pour prendre en compte les nouvelles menaces, notamment terroristes, l’armée suisse a « dégraissé massivement l’infanterie mécanisée pour avoir de l’infanterie légère », explique-t-il encore. « Mais on n’a pas dégraissé sur le génie et l’aide aux populations. » Une précaution logique, car il faut conserver des marges importantes de moyens pour pouvoir faire face à une catastrophe environnementale (avalanche, coulées de boue, chutes de grosses pierres) et technologique (risque nucléaire civil, d’où la Suisse tire son électricité).

La milice contribue aussi en permanence à la lutte contre le terrorisme, sans qu’on parle pour autant d’opération Sentinelle. L’antiterrorisme relève en effet de la police dans les cantons (qui peuvent s’entraider). Jusqu’à deux bataillons ont été réservés pour la protection des enceintes diplomatiques à Berne, Genève, Zurich pour des pays à risque (Israël, Turquie), et pas moins de 5 000 militaires sont réservés chaque année à la protection du sommet de Davos, recense Dominique Andrey.

Parmi ses obligations, le milicien doit s’annoncer (son adresse doit être connue), entrer en service à l’heure dite (sinon il peut être pénalisé), et il doit entretenir son barda. « On peut avoir à payer la réparation de ses chaussures de montagne », explique un militaire suisse. Le milicien doit s’entraîner au tir une fois par an, hors période de service. Il faut obtenir un minimum de points, et se représenter jusqu’à atteindre le niveau demandé. Le milicien doit tous les ans tirer à 300 m ses 20 coups : 2 d’essai, 8 d’efficacité, puis idem sur les 10 coups suivants.

L’incorporation dans la milice se fait selon l’aptitude médicale (65 % des candidats) et selon les aptitudes physiques et professionnelles. Pour les autres, le service civil dure une fois et demie plus longtemps. En cas de report du créneau prévu, 3 % du salaire est pris en amende. Pour l’étudiant, ce n’est pas cher payé, mais cela l’est plus pour un salarié d’une trentaine d’années. A 80 %, les gens se disent satisfaits de leur affectation, expliquent nos interlocuteurs. Le milicien reçoit son arme de service au bout d’une semaine. Puis il peut être détecté sous-officier : il partira pour l’école idoine pour se former dans ce but, mais devra quand même, par la suite, revenir sur le cursus basique. Autre curiosité du système : tous les officiers sont forcément issus des sous-officiers. Seuls les généraux, une fois étoilés, peuvent sauter plusieurs étoiles d’un coup ; c’est le cas du général Andrey, qui est passé d’une étoile à trois.

Les sous-officiers miliciens doivent un service jusqu’à 32 ans. Et comme la milice peut manquer de sous-officiers, elle promeut des militaires du rang qui ne peuvent pas refuser l’avancement.

Seulement 1 % de femmes

 

Nos interlocuteurs disent sans détour trouver « les femmes plus motivées que les hommes, et elles font plus d’officiers ». Un général de brigade féminin est d’ailleurs en activité (dans le domaine du renseignement). Mais l’armée suisse n’a que 1 % de femmes. En 2017, le sujet a fait débat devant les commissions du Parlement pour étudier un service obligatoire pour les femmes, mais sans déboucher sur une décision. « Ce qu’on cherche à faire, c’est améliorer l’information pour qu’elles choisissent la milice, explique l’état-major à Berne. Nous avons notamment des domaines dans lesquels les hommes ne suffisent pas, comme la restauration. »

Parmi les côtés positifs du système, les militaires de l’état-major listent un excellent lien armée-nation, le réseautage (pour trouver un travail ou progresser professionnellement), un savoir-faire importé (les spécialistes civils viennent à la milice à un coût plus qu’abordable), un savoir-faire exporté (pour les cadres, cela évite, par exemple, les cours de leadership). Actualisé, le modèle a permis aussi d’éviter des effectifs élevés, donc coûteux. « En pourcentage de la population, on a une armée de 140 000 hommes pour 8 millions d’habitants, constate un ⇐ responsable militaire. Alors que, dans les années 90, on avait une armée de 620 000 hommes pour 6 millions d’habitants. Elle est désormais mise sur pied sur mesure, avec des coûts salariaux limités. »

Nos interlocuteurs relèvent aussi des lacunes : une « disponibilité immédiate limitée », une « disponibilité individuelle variable », « un manque de maîtrise des systèmes high-tech », une « érosion périodique de savoir-faire », « une remise à niveau nécessaire de la maîtrise des processus », qui sont autant de défis à relever.

On peut toujours objecter qu’un tel dispositif est possible parce que les Suisses n’ont pas de culture expéditionnaire. Mais la plupart des pays occidentaux ne l’ont pas non plus (il suffit, pour cela, de voir combien la France est isolée dans nombre d’opérations…). Et cela n’empêche pas le modèle suisse de participer à des opérations extérieures, une dimension mal connue chez nous. Si la Suisse a décliné l’invitation française de se déployer au Sahel sous les couleurs de la MINUSMA, il n’en demeure pas moins que 360 militaires suisses sont actuellement déployés hors des frontières. Ils sont notamment présents en Centrafrique au sein de la mission de l’ONU (MINUSCA), au Moyen-Orient, et au Kosovo ; ce pays représentant même le premier théâtre, avec 200 personnels. L’essentiel de leur mission repose sur le renseignement, un des points majeurs de la coopération dans ce domaine avec la France qui n’est plus présente, physiquement, dans les Balkans. Une des explications à cet intérêt peut être que la Confédération helvétique a accueilli, lors des combats au Kosovo (1999-2000), plusieurs dizaines de milliers de réfugiés. Près de 20 ans plus tard, la plupart ne sont pas rentrés dans leur pays, et sont devenus suisses. Ils seraient aujourd’hui 200 000 environ. Et on en retrouve dans la… milice. Comme ce matin-là, à Thoune, une des places militaires que nous avons pu visiter, grâce à l’attaché militaire de Suisse à Paris, Jean-Philippe Gaudin.

Thoune, une place modèle

 

Thoune peut accueillir simultanément 2 000 miliciens qui peuvent tirer au 30 mm avec leur CV90, au 27 mm avec le Leopard 2, ou avec une mitrailleuse de 12,7 mm. Le site offre 6,5 km2 de surface d’entraînement, 11 km de voies pour les tanks. La ville voisine de 42 000 habitants bénéficie de 3 200 emplois générés, estime la base. Qui, depuis 2004, est un site labellisé « Naturpark » pour la richesse des plantes et de la faune.

Le camp de Thoune est dual : il héberge un centre de stockage d’équipements pour la milice, et c’est un centre de cavalerie, où la simulation a une forte importance dans l’apprentissage initial et la formation continue des miliciens. Le sergent Yann, dans le civil, est pharmacien ; à Thoune, il accueille les recrues subalternes et assure la transmission du savoir, avant d’aller reprendre son poste dans son officine. Cet autre milicien, spécialisé en simulation, est un postier de 28 ans. Il revient ici pour la sixième fois depuis 2010. Mais, au final, « les trois semaines passent très vite ». Même si la séparation avec la famille n’est pas habituelle. Dans le flot de miliciens qui grouillent dans l’installation, les looks peuvent être assez différents d’un homme à l’autre, la seule donne à respecter étant une coupe de cheveux correcte, mais pas forcément millimétrique. Les boucles d’oreilles ne sont pas rares.

Les miliciens que nous avons croisés n’ont pas exprimé de reproches au système. L’indemnisation des miliciens est en effet prise en compte par l’employeur (s’il y en a un) et l’Etat, de façon paritaire. Finalement, ce sont plus les employeurs qui pourraient fonder des reproches au système, qui leur fait perdre un salarié pendant plusieurs semaines, en plus des vacances légales. La question se posait moins par le passé, elle est plus d’actualité aujourd’hui, sans être donc devenue un sujet de division en Suisse.

La simulation, fournie par le groupe local RUAG (mais aussi le groupe français Thales), contribue à faire travailler les miliciens à plein rendement sur leur matériel. Virtuellement, les cavaliers peuvent faire évoluer leurs CV90 (ou « char de grenadiers ») et leurs Leopard 2 (ou « char 87 ») sans entamer le potentiel des vrais engins. Des simulateurs permettent aussi de former les officiers de réglage d’artillerie (JTAC). De vraies batailles numériques peuvent aussi être menées. Et pour tirer de vrais obus, il suffit de se déplacer de seulement quelques centaines de mètres, en se noyant dans la circulation civile quelques secondes. Le polygone de tir est là, face à la montagne. A droite, un ensemble de fermes, mais cela n’inquiète pas l’officier qui nous guide, qui évoque néanmoins, parfois, des plaintes liées au bruit. Mais comme souvent, l’école des blindés, séculaire, était là avant nombre d’habitants de la bonne ville de Thoune. Le polygone a d’ailleurs aussi ses fans, qui se pressent, derrière une simple barrière, pour apprécier le spectacle. Après une courte infiltration en tout-terrain, le CV90 fait cracher son canon Bushmaster de 30 mm sur la rocaille, déclenchant de très belles gerbes. Puis c’est au tour du Leopard 2. A la fin de la manœuvre, les équipages sont plutôt enthousiastes, et chacun s’exprime librement, sans le contrôle d’un officier de presse (comme souvent en France), ce qui laisse ⇐ cours à une spontanéité certaine.

Coincé entre deux étudiants, respectivement chef de char et canonnier, le milicien Calandi, un charpentier de 21 ans, explique avec une fierté non dissimulée tout son intérêt pour le pilotage du CV90. « Au début, c’est compliqué, rien à voir avec une voiture. J’ai intégré la milice en janvier, et maintenant je suis pilote après quelques semaines de formation. Je serai milicien jusqu’à 30 ans et après six cours de répétition [les recyclages annuels], et ensuite on pourra encore faire appel à moi en cas de besoin. Le plus difficile, c’est de se comprendre quand les occupants de l’habitacle ne sont pas issus des mêmes langues. Et aussi quand plusieurs chars opèrent ensemble, les voix peuvent se chevaucher sur le réseau. » Problème supplémentaire, lié au système de milice : les miliciens opèrent rarement en équipage constitué, mais, comme il le dit lui-même, chacun sait ce qu’il doit faire. « L’armée est un peu comme une deuxième famille », ajoute un autre, avec conviction. Certains arrivent en effet assez jeunes, et c’est pour eux la première expérience de sortie du cadre familial, comme l’était, en son temps, le service national en France. Cela peut aussi être une première découverte du multiculturalisme suisse. Sur un des Leopard 2 à l’arrêt à côté, le pilote est étudiant et animateur encadrant pour les enfants. Le chef de char est étudiant en économie, et le commandant pointeur chargeur vient de finir son « gymnase » (lycée en Suisse).  

Le colonel Kalmann connaît bien la France puisqu’il fut l’ancien adjoint du général Gaudin. Collier de barbe bien nourri, accent légèrement guttural, ce disciple de saint Georges reconnaît sans détour rencontrer des problèmes à cause du bruit des tirs. « Mais on rappelle que la place d’armes existe ici depuis des siècles. » Presque deux siècles, en fait, car l’armée est arrivée ici en 1819. « Je suis en bonne santé et pourtant j’ai une mutuelle : il nous faut donc une armée de bonne qualité », lance-t-il avec un brin de malice. Avant d’embrayer sur les qualités nécessaires au cavalier, côté suisse : « Le cavalier va vite, en avant, il est courageux, téméraire pour accomplir les missions. »

Il a fait des disciples, avec cette jeune aspirante, un des profils les plus prometteurs. « La milice me plaît, car c’est très différent de ce qu’on apprend à l’école », explique Muriel Forster, 23 ans, la première femme à devenir sous-officier de « char grenadier » (le nom local du CV90 de Hägglunds). « J’ai appris à commander, à faire le boss », répond-elle quand on lui demande son bilan des premiers mois dans la milice. Même si, comme elle le reconnaît, la carrière ne l’intéresse pas. Elle veut devenir médecin. Le « paiement de galon » contribuera à lui permettre de payer des études longues. Dans sa famille, plusieurs membres ont déjà été miliciens avant elle : son père, son frère, mais aussi sa sœur, sous-officier chez la police militaire. « Elle va commander quatre chars CV90 », explique son supérieur, manifestement fier de son potentiel, puisqu’il l’avait déjà détectée parmi les soldats quand il était lui-même sous-officier. 

Thoune, c’est aussi un des centres logistiques de la milice. Et la rationalisation est visible au premier coup d’œil. L’adjoint au chef de centre travaille ici depuis cinq ans, et comme milicien, il officie à la « divterr1 » (première division terrestre), comme chef du service maintenance. Il a sous sa responsabilité 465 collaborateurs civils et militaires, ainsi que 47 apprentis. L’apprentissage est très développé (et reconnu socialement) en Suisse, contrairement à la situation française. Au total, à Thoune, toutes fonctions confondues, la logistique emploie 882 collaborateurs, dont 86 apprentis. Tout ce qui contribue à équiper le soldat, de l’uniforme aux rations de combat – ce qu’on appelle ici la « subsistance » –, sort de cet ensemble d’entrepôts. Des pièces sont logées dans d’immenses Kardex, ou sur des étalages dans lesquels vont piocher des nacelles télescopiques intelligentes. L’opérateur n’a qu’à rentrer la référence de la pièce, et la nacelle se positionne automatiquement à la bonne destination… En 2020, un immeuble de grande hauteur (IGH) va être créé pour loger des conteneurs de 20 pieds. L’IGH actuel dédié aux seuls petits matériels a nécessité l’investissement de 30 millions de francs suisses. L’uniforme, c’est l’identité dans toutes les armées du monde. Celui de l’armée suisse changera en 2019, sans noir et avec un brun plus foncé. Chez lui, le milicien possède par ailleurs deux paires de bottes de combat, son arme démontée et un chargeur vide (le milicien n’a plus de munitions à la maison depuis dix ans), son casque. La plupart des incidents liés aux armes sont des « pertes » ou des « vols » de fusils. Soit moins d’une vingtaine de cas par année. Le dernier cas d’usage d’armes dans un cadre non légal remonterait déjà à plusieurs années.

Prochainement, le milicien disposera aussi de son propre gilet pare-balles chez lui. Des stocks locaux sont mis en place pour certains types d’unités dites MADE (pour milice à disponibilité élevée). Il s’agit principalement de l’infanterie, de la police militaire, du sauvetage-catastrophe et du génie.

Trois bataillons de grenadiers forment l’élite de la milice ; mais la pointe de diamant, c’est bien la DRA 10 (l’équivalent d’une compagnie de permanents), avec qui des unités du Commandement des opérations spéciales français entretiennent des relations privilégiées, notamment le CPA 10 d’Orléans. Avantage de ces liens, le DRA 10 (voir RAIDS n° 376) a pu faire des entraînements au Centre d’entraînement à la forêt équatoriale, en Guyane, par exemple. Chaque année, un plan de coopération est signé pour définir la coopération des mois à venir. Les Français viennent en Suisse pour parfaire la technique de tir, pour le tir longue distance (TLD) en montagne, pour le saut en parachute en haute altitude, le dépiégeage d’assaut, le combat en milieu montagneux et en zone urbaine. En France, les Suisses viennent plutôt chercher des échanges de retour d’expérience sur les équipements tactiques et les techniques, sur la plongée, l’appui-feu tireur embarqué depuis hélicoptère… Ils bénéficient notamment pour cela de leurs liens excellents avec l’Armée de l’air pour tirer à Solenzara, depuis des hélicoptères de l’aviation française. Le DRA 10 est essentiel pour des opérations « coups de poing », et il sert, à l’étranger, pour de la protection consulaire et des évacuations de ressortissants, comme ce fut le cas en Libye par exemple. Le niveau du DRA 10 – mais aussi ses champs de tir intéressants – a attiré la curiosité du KSK allemand et de l’USSOCOM américain

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Jean-Marc TANGUY