Le GIGN a fêté un peu avant les autres unités aéroportées le saint patron des parachutistes. L’occasion de faire un rapport d’étape sur les 12 mois écoulés.

Sainte Geneviève veille sur les gendarmes, mais comme quasiment tous les personnels du GIGN sont brevetés para, saint Michel fait aussi partie du panthéon célébré au Groupe à Satory. Certains des gendarmes sont en outre chuteurs opérationnels, notamment à la force d’intervention (FI) et à la force sécurité protection (FSP), l’autre spécialité historique à Satory étant celle des plongeurs.

 

Rien comme les autres

Le GIGN ne faisant décidément rien comme les autres, comme l’a rappelé avec un sourire son chef, il fêtera désormais la nouvelle année avec ses amis à la Saint-Michel, cette date étant aussi l’occasion de faire le bilan des 12 mois écoulés. Pour le général Laurent Phélip, c’est une « année dense », qui aura produit 250 engagements et 79 interventions.

Le Groupe doit être prêt pour le haut comme le bas du spectre, et doit mieux intégrer les unités d’intervention de gendarmerie, particulièrement les antennes GIGN, qui viennent se recycler par demi-unités à Satory (afin de ne pas rompre l’alerte). Le GIGN a aussi assuré la montée en puissance de deux nouveaux pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG), en charge de la sécurité d’enceintes nucléaires, et a formé les pelotons d’intervention de la garde républicaine (GR) afin de prendre en compte le risque terroriste dans les palais nationaux dont la GR à la charge.

En emploi encore, à l’heure où paraîtront ces lignes, le Groupe aura envoyé un de ses éléments de la force intervention en Nouvelle-Calédonie afin de renforcer l’antenne GIGN locale (32 hommes) pendant la période référendaire. L’équipe devrait rester un peu moins d’un mois, en amont et en aval du scrutin. Sa FSP reste également engagée dans la protection de diplomates menacés, comme c’est le cas à Bagdad. Elle a aussi assuré le retour d’une représentation diplomatique française dans un pays exposé.

L’activité a été dense en matière de formation de groupes étrangers, et d’échanges bilatéraux (avec les Russes, les Israéliens, les Tunisiens) ou multilatéraux (notamment à travers le groupe européen Atlas).

Huit sous-officiers ont gagné leur galon d’officier ces derniers mois ; une belle reconnaissance. Plusieurs d’entre eux reviendront dans le circuit intervention. Face à leur directeur général, plusieurs gendarmes du GIGN ont été décorés. Certains pour leur action en soutien du Groupe, d’autres à la pointe de l’action, comme ce gendarme qui a reçu une médaille pour acte de bravoure, pour avoir neutralisé un braqueur, alors qu’il était hors service, en train de dîner avec des collègues.

Des défis pour le Groupe

Le premier défi du GIGN est sans conteste celui d’une meilleure intégration des antennes et de la visualisation de leur emploi du temps quotidien.

Le Groupe a aussi développé sa capacité à gérer le renseignement, avec une structure spécialisée montée en son sein ces derniers mois. Il savait déjà collecter le renseignement, avec ses différents capteurs humains et techniques, mais il devait aussi pouvoir digérer la matière arrivant de l’extérieur, exporter la sienne, etc.

Autre défi : celui de l’aéromobilité, qui reste problématique. Le modèle créé en 2006 avec le groupe interarmées d’hélicoptères est désuet, et mobilise cinq Puma de l’Armée de terre trop utiles à l’état-major des armées. Qui devrait donc le reprendre : la question restant de l’après.

Les antennes peuvent-elles prendre encore plus d’importance, évitant ainsi au GIGN de se déplacer en province sauf pour des cas dans le haut du spectre ? (Mais comment bien caractériser les uns et les autres ?) Ou le ministère de l’Intérieur peut-il enfin financer les moyens de ses ambitions en matière d’aéromobilité ? La solution la plus simple et rapide consisterait à louer des machines, avant de pouvoir les acheter.

Les antennes ont aussi des spécificités à développer et à faire valoir. L’antenne GIGN d’Orange est désormais complètement maritimisée, et peut être employée en primo-intervention dans le cadre d’un scénario de contre-terrorisme maritime (CTM), quel que soit le vecteur aérien disponible (forces spéciales, marine, gendarmerie) qui l’amènerait au contact de la crise. La maritimisation de l’antenne GIGN de Nantes, qui semblerait tout aussi logique, est pour l’instant à l’étude. Cette antenne étant bien plus récente que celle d’Orange, historique, elle.

Dans le coup technologique

Par ailleurs, le défi pour le Groupe est de rester dans le coup technologique, alors que le… coût de la technologie croît d’une génération de matériel à l’autre. La complexité fait aussi durer les délais, comme l’illustre le démonstrateur d’affût téléopéré présenté à Eurosatory et qui va mettre encore du temps avant de devenir une arme utilisable. Comment les robots vont-ils aussi prendre leur place dans le paysage de l’intervention ? Au moins un industriel français pousse, avec raison, une solution de robot armé pour contrer les terroristes portant des ceintures explosives. Comment l’opérateur humain arrivera-t-il à conserver sa place ?

La culture para, c’est aussi une culture de la militarité, a rappelé le général Phélip ; donc, le GIGN doit aussi trouver sa place, comme « force militaire spécialisée » au sein de la boîte à outils des forces spéciales détenue par l’État. À cet égard, il faut s’en souvenir, les liens étaient plus étroits au début du COS, dans les années 90 : la nature de la menace doit sans doute rapprocher les entités, les amener à un meilleur partage de leur retex, mais aussi à partager les matériels et mutualiser les plans d’équipements qui peuvent l’être. Pour le bénéfice de la sécurité des citoyens français et de l’État.

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Jean-Marc TANGUY