Le 15 juillet soir, six personnes, dont un policier, ont été tuées et 28 autres blessées dans une fusillade près de la mosquée chiite Imam Ali à Mascate, la capitale du sultanat d'Oman. Les fidèles s’y étaient rassemblés à la veille du jour saint chiite d’Achoura.

Les trois assaillants ont également été neutralisés par les forces de sécurité lors de l’incident survenu dans la région d’al-Wadi al-Kabir.

Le groupe salafiste-jihadiste État Islamique (Daech) a revendiqué l’opération.

L’aile médiatique de Daech, l’« Agence Amaq » a indiqué que trois « inghimasis » (les commandos d’infiltration) ont ouvert le feu sur des fidèles chiites avec des fusils d’assaut tuant et blessant quelque 35 policiers chiites et omanais. Amaq a aussi précisé que ses « inghimasis s’étaient heurtés aux forces « apostâtes omanaises » qui sont arrivées sur les lieux, ce qui a entraîné la « mort et la blessure de cinq d’entre elles, y compris un officier. »

Par le passé, Daech avait pris pour cible à de nombreuses reprises des fidèles chiites en Irak, en Afghanistan et au Pakistan mais jamais à Oman.

L’ennemi premier des mouvements salafistes-jihadistes – Daech et Al-Qaida – qui se revendiquent de l’« islam des origines » sont les chiites considérés comme des « traitres » qu’il convient d’éliminer, même avant les juifs et les chrétiens (qui sont « membres du « Livre ».)

La raison possible de cette attaque

Cet attentat est peut-être lié aux messages lancés par des activistes de l’EI (particulièrement du TTP Pakistan) appelant à tuer des Chiites partout où ils se trouvent pour venger la condamnation à la peine capitale de la veuve d’Abou Bakr Al-Baghdadi.

Le tribunal pénal de Karkh (Irak) a en effet reconnu le 10 juillet  Asma lac Mohammed alias Umm Hudaifa coupable de « collaboration avec l’organisation extrémiste et de détention femmes yézidies. »

Son époux, Al-Baghdadi avait été acculé en 2019 par les forces américaines dans le nord-ouest de la Syrie. Il s’était fait exploser alors qu’il était coincé dans un tunnel se tuant ainsi que deux de ses enfants. Deux de ses quatre femmes avaient également été tuées lors des combats.

Umm Hudaifa n’était pas présente car elle était détenue en Turquie depuis 2018. Elle a été extradée vers l’Irak en février 2024.

Oman était préservé jusque là

Oman est depuis longtemps considéré comme l’un des pays les plus stables et les plus sûrs du Moyen-Orient. Cela lui a permis de jouer un rôle de premier plan dans les efforts de médiation visant à tenter de résoudre les conflits et les différends dans la région.

Ce sultanat du Golfe compte environ 4,6 millions d’habitants, dont plus de 40 % de travailleurs étrangers. D’ailleurs, quatre Pakistanais ont été tués et une trentaine blessés lors de cet attentat

Le département d’État américain estime que 95 % de la population est musulmane, dont 45 % sunnites, 45 % ibadites et 5 % chiites. Les hindous, les bouddhistes et les chrétiens représentent les 5 % restants.

L’État Islamique toujours vivant

Le Commandement central des États-Unis (CENTCOM) a rapporté le 16 juillet 2024 que l’EI cherche à « reconstituer » car le nombre de ses attaques en Syrie et en Iraq a doublé par rapport à l’année précédente : « L’EI a fait 153 attaques en Iraq et en Syrie. À ce rythme, l’EIIL est sur le point de dépasser le double du nombre total d’attaques qu’il a revendiquées en 2023. »

La branche Khorasan de l’EI, connue sous le nom d’ISKP, a récemment réapparu en tant qu’acteur transnational ayant la capacité de mener des opérations à travers l’Asie et l’Europe en tirant parti de son bastion en Afghanistan et dans ses réseaux en Asie centrale et en Asie du Sud.

L’attaque à Oman et le rapport du CENTCOM indiquent que les bastions de l’EI est toujours redoutable.

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Texte

Alain Rodier