Un important responsable du groupe État islamique (Daech) identifié comme « Bilal al-Sudani » et environ dix personnes liées à l'organisation salafiste-jihadiste ont été tués le 25 janvier 2023 lors d’un raid héliporté mené par les forces spéciales américaines dans Puntland, au nord de la Somalie.

Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré dans un communiqué : « Al-Sudani se chargeait d’encourager la présence croissante du groupe État islamique en Afrique et de financer ses opérations dans le monde, y compris en Afghanistan ». Cela signifie que s’il était présent physiquement en Somalie, ce terroriste vraisemblablement soudanais (les Américains n’ont pas dévoilé son identité mais l’avaient repéré dès 2012 au sein des Shebabs – il avait vraisemblablement fait défection vers Daech en 2014 -) avait des responsabilités financières internationales pour le compte de Daech. C’était donc un « gros poisson ».

Un représentant de la Maison-Blanche a précisé que cette opération qui avait été préparée depuis « plusieurs mois » avait été déclenchée après que le président Joe Biden ait donné son accord. Un autre responsable américain a précisé : « il avait été décidé qu’une capture (du jihadiste) était la meilleure option pour obtenir le plus de renseignements possible […] la réponse des forces ennemies a conduit à sa mort ».
Cette opération aurait été précédée de répétitions intensives sur des sites spécifiquement construits pour imiter le terrain où elle a eu lieu : une caverne dans les montagnes du nord de la Somalie. Cela démontre que ce terroriste n’a pas respecté une règle de sécurité élémentaire : changer souvent de lieu de résidence.
Elle n’a pas fait de victime ni dans la population civile ni parmi les militaires américains. Le seul soldat américain blessé l’a été par son chien de combat.

Depuis le 11 septembre 2001, Washington traque et élimine tous ceux qui représentent une menace terroriste contre les États-Unis où qu’ils se trouvent, même dans les endroits les plus reculés.
Les services de renseignement US se sont montrés d’une efficacité redoutable puisque tous les « émirs » d’Al-Qaida et de Daech ont été neutralisés les uns après les autres même si cela a parfois pris des années : presque dix ans pour Oussama Ben Laden, vingt et un ans pour Ayman al Zawahiri, cinq ans pour Abou Bakr al-Baghdadi, etc.
Le problème réside dans le fait que ces « neutralisés » finissent par être remplacés, souvent par des personnes qui dissimulent soigneusement leur identité. De plus, les nébuleuses salafiste-jihadistes ne paraissent pas rencontrer de problèmes de recrutement particulièrement au sein des populations les plus démunies.

En ce qui concerne la Corne de l’Afrique, l’armée américaine qui loue une base à Djibouti, mène depuis des années des opérations en Somalie en coopération avec l’armée régulière somalienne. 450 membres des forces spéciales ont été redéployés en Somalie en mai 2022(1) – théoriquement pour entraîner l’armée régulière. Il s’agit principalement de frappes aériennes contre les islamistes radicaux shebabs liés à Al-Qaïda, mais elle mène aussi entre deux et quatre opérations terrestres dans le pays.

1. Le président Donald Trump avait décidé de les retirer en décembre 2020 n’acceptant qu’une présence par rotations.

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