La fin de la mobilisation partielle ? Selon le ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou, la mobilisation partielle décrétée le 21 septembre 2022 par le président Vladimir Poutine dans le cadre de l’« opération militaire spéciale » est terminée.

82.000 mobilisés auraient déjà rejoint le théâtre ukrainien et 218.000 autres seraient en cours de formation sur les terrains d’entrainement, a précisé le ministre de la Défense.
Selon lui, « il n’y a plus besoin de frappes massives maintenant. « la ligne de contact fait 1.100 kilomètres et il est presque impossible de la garder avec des soldats contractuels, d’où la mobilisation. ».
D’autres chiffres donnent 33.000 mobilisés qui auraient rejoint leurs unités en Ukraine et 16.000 qui effectueraient des missions de combat.

Un des problèmes majeurs rencontrés par l’armée russe (entre autres), c’est le nombre insuffisant d’hommes déployés sur le terrain. C’est cette raison qui a poussé Poutine à décréter la mobilisation partielle de 300.000 hommes. Selon certains observateurs, ce chiffre pourrait être plus élevé avoisinant les 500.000. Cela dit, cette mobilisation ne peut avoir des résultats tangibles que dans les mois qui viennent. Elle se heurte à d’énormes problèmes logistiques, de formation et d’encadrement. Pour le moment, la population russe n’est pas particulièrement rétive comme cela avait été le cas en Afghanistan durant la guerre de 1979 à 1989. Mais les choses pourraient changer lorsque les premiers cercueils de réservistes seront ramenés au pays…

Wagner sur le départ au Mali

Mais, un autre développement qui, s’il est confirmé, aura certainement des conséquences au Mali. À savoir que la société militaire privée russe « groupe Wagner » a annoncé qu’elle ne renouvèlerait pas son contrat d’assistance au Mali en raison d’un redéploiement des ses forces en Ukraine.
La junte en place à Bamako est furieuse. Elle pointe du doigt le coût et l’absence de résultats des mercenaires de Wagner dans la lutte contre le terrorisme. Le désengagement des mercenaires russes risque d’être sportif…

À Sébastopol, un tournant de la guerre en Ukraine ?

Selon Moscou, neuf drones aériens et sept drones navals autonomes auraient visé le 28 octobre des navires impliqués dans la sécurité des convois chargés de transporter des céréales ukrainiennes, dans le cadre de l’accord conclu le 22 juillet sous l’égide des Nations unies et de la Turquie.
Le Ministère russe de la défense a déclaré le 29 octobre : « la préparation de cet acte terroriste et la formation du personnel militaire du 73e centre ukrainien des opérations maritimes spéciales ont été menées par des spécialistes britanniques basés sur l’île de Pervomaiskyi à l’est d’Odessa dans la région de Mykolaïv».
L’utilisation de ces drones laisse désormais planer un doute sur la méthodologie employée le 8 octobre pour s’attaquer au pont reliant la Russie à la Crimée. L’hypothèse d’un drone marin avait alors été avancée mais pas retenue par les autorités russes.

Les Ukrainiens possèdent bien des forces spéciales dont la composante navale est en partie basée sur l’île fortifiée de Pervomaiskyi à l’est d’Odessa.

Elle comporte trois commandos, le 1er de démolition, le 2d unité de déminage et le 3è de reconnaissance, le tout soutenu par un élément logistique.
Les Britanniques eux bénéficient du légendaire Special Boat Service (SBS) appelé jusqu’en 1987 Special Boat Squadron.

Le gouvernement britannique a réagi aux déclarations russes faisant état de « fausses informations » destinées à « détourner l’attention ».
Faussement candide, Anton Gerachtchenko, un des conseillers du ministre ukrainien de l’Intérieur a assuré qu’« à la suite de la manipulation négligente d’explosifs dans la baie de Sébastopol, quatre navires de guerre de la flotte russe de la mer Noire ont explosé, dont une frégate et un navire de débarquement »… Le ton ironique risque de ne pas vraiment plaire au Kremlin.

Londres en a profité pour également contester une autre allégation russe affirmant qu’une unité de la Royal Navy « a participé à la planification, à la fourniture et à la mise en œuvre de l’acte terroriste en mer Baltique qui, le 26 septembre, a porté atteinte aux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 ».
Il a en effet été répondu : « pour détourner l’attention de sa gestion désastreuse de l’invasion illégale de l’Ukraine, le ministère russe de la Défense a recours à la diffusion de fausses affirmations d’une ampleur épique […] Cette histoire inventée en dit plus sur les disputes au sein du gouvernement russe que sur l’Occident ».

Ces dernières semaines, Moscou cible plus particulièrement la Grande-Bretagne qui est effectivement un des pays européens les plus engagés dans le soutien militaire à l’Ukraine. Ainsi, fin septembre, un chasseur Su-27 « Flanker » russe a tiré un missile air-air alors qu’il se trouvait à proximité d’un aéronef espion RC-135 de la Royal Air Force dans l’espace aérien international de la mer Noire. Officiellement, Moscou a parlé d’un « dysfonctionnement technique ». Les Britanniques ont suspendu les missions de renseignement dans la région pendant trois semaines… avant de les reprendre mais escortés par des chasseurs Eurofighter Typhoon.

La première mesure de rétorsion de Moscou après l’attaque audacieuse de la base navale de Sébastopol a suivi : « compte tenu de l’acte terroriste réalisé par le régime de Kiev avec la participation d’experts britanniques contre des navires de la flotte de la mer Noire et des navires civils impliqués dans la sécurité des couloirs céréaliers, la Russie suspend sa participation à la mise en œuvre de l’accord sur les exportations des produits agricoles des ports ukrainiens ». Ankara a déclaré le 29 octobre ne pas avoir été informé officiellement de cette mesure par Moscou. Quant au président Zelensky, il a affirmé « que cette décision ne datait en fait pas d’aujourd’hui […] La Russie a commencé à aggraver la pénurie mondiale de nourriture en septembre, quand elle a commencé à bloquer les mouvements des navires transportant nos productions agricoles […] Il s’agit d’une intention transparente de la Russie de faire peser à nouveau le spectre d’une famine à grande échelle en Afrique et en Asie ».

Les réactions futures du Kremlin sont à suivre car, alors que la Grande-Bretagne est de plus en plus considérée par la Russie comme un « cobelligérant », les forces Ukrainiennes multiplient les opérations de harcèlement contre des symboles russes. Mais jusqu’à présent, malgré les menaces réitérées de Moscou, rien n’est jamais venu pour sanctionner les pays participant à la guerre par Ukrainiens interposés.

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Texte

Alain Rodier

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