La responsabilité de l’attaque du pont reliant la Russie à la Crimée reste un sujet controversé. Tous les analystes se perdent en conjectures ne parvenant pas à obtenir des preuves allant dans un sens ou dans l’autre.

La version officielle de la Russie est qu’un camion a servi de vecteur pour une importante charge d’explosifs.
Dans ce cadre, le Service fédéral de sécurité (FSB) a effectué huit arrestations de suspects : cinq citoyens russes et trois Ukrainiens et/ou Arméniens (sans plus de détails).

Les charges explosives qui auraient été empaquetées à l’origine dans des rouleaux de film plastique auraient quitté le port d’Odessa en août. Mais le preuves présentées par la presse russe présentent des incohérences. A savoir que le scan montrant les « explosifs » ne correspondrait pas au véhicule suspecté (source : site de Rebecca Rambar).

Elles auraient ensuite transité par la Bulgarie puis la Géorgie (le transfert maritime pour éviter la Turquie est possible, ce qui évite à Ankara d’expliquer pourquoi ce camion n’aurait été inspecté correctement quand il transitait sur le sol turc), l’Arménie avant d’entrer en Russie. Là, géographiquement, il y a une impossibilité puisque l’Arménie n’a pas de frontière commune avec la Russie…

Le FSB accuse le renseignement militaire ukrainien (Directorat principal du renseignement du ministère de la défense d’Ukraine aussi connu comme le HUR MO ou GUR) et son directeur, le major général Kyrylo Budanov d’avoir organisé l’attaque. Douze autres personnes auraient également identifiées comme « complices ».

Les autorités ukrainiennes contestent énergiquement cette enquête et leur ennemi représenté par le FSB. Pour le moment, il faut que Kiev ne soit pas impliqué dans cette opération qui a été dirigée contre ce que Moscou considère être comme son « territoire » car la Crimée est annexée depuis 2014. Si l’affaire devenait officielle, les réactions de Moscou pourraient être encore plus importantes et meurtrières.

L’avenir donnera sans doute la clef de l’énigme car ceux qui ont participé à cette opération (comme ceux ayant participé au plasticage des gazoducs NordStream 1&2) ne résisteront pas un jour de l’attrait de s’en vanter.

1. Voir « Destruction des gazoducs NordStream 1&2 » du 30 septembre 2022.

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Texte

Alain Rodier

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