La Russie avait donné à la Syrie un système d’armes anti-aérien S-300 PMUen 2018 après qu’un IL-20 Coot ait été abattu par erreur par un SA-5 (S-200) au dessus de la Méditerranée lors d’un raid aérien israélien sur Latakié.

Mais en réalité, ce S-300 est toujours resté sous contrôle russe et n’a en rien empêché les Israéliens à poursuivre leurs frappes en Syrie.

Selon des médias israéliens, ce système AA a été rapatrié fin août en Russie. Cela serait dû à deux facteurs :
. le besoin de ces systèmes d’armes dans le conflit ukrainien car Kiev se montre de plus en plus menaçant pour les infrastructures russes proches de la frontière, en Crimée et dans le Donbass ;
. le fait que le système S-300 syrien est inutile contre Daech qui n’a plus de capacités en drones et ils ne sont pas employés pour contrer les raids aériens israéliens. Cette mesure devrait être l’occasion pour la Russie de renouer des relations relativement détériorées avec l’État hébreu depuis l’invasion de l’Ukraine.

Il n’en reste pas moins que la Russie protège ses propres installations sur la base aérienne de Hmeimim et de la base navale de Tartous avec des S-400 et des SAM Pantsir. Ces armements ne sont pas dirigés contre les Israéliens (qui n’ont aucun intérêt à frapper directement les Russes) mais contre les forces de l’OTAN jugées comme très agressives et imprévisibles.

La société privée de renseignement ImageSat a publié des photos de la garnison de Masyaf désormais vide de S-300.

Puis elle a publié celle du port de Tartous le 17 août où l’on distingue le système S-300 à proximité du cargo Ro-Ro Sparta II.

Le 20 août, le Sparta II a été localisé par navalnews.com au large des côtes syriennes et le 24 il a franchi le Bosphore pour se retrouver le 26 à proximité de la Crimée.
Il a enfin été localisé le 27 août à quai au port de Novorossiysk situé à 140 kilomètres du détroit de Kerch et de la Crimée.

Or, le 28 février, la Turquie avait interdit le transit de navires de guerre dans le détroit du Bosphore et celui des Dardanelles, comme l’y autorise la Convention de Montreux de 1936. Mais le Sparta II qui appartient à la société civile Oboronlogistika dont le siège est à Moscou n’est pas concerné par ces restrictions imposées depuis le début de la guerre en Ukraine même si Washington l’a inscrit sur sa liste noire.
L’Article 4 de la Convention de Montreux dit bien qu’« en temps de guerre, la Turquie n’étant pas belligérante, les navires de commerce, quels que soient le pavillon et le chargement, jouiront de la liberté de passage et de navigation dans les détroits ».

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Texte

Alain Rodier

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