La guerre dans la région du Tigré au nord de l’Éthiopie a débuté en novembre 2020(1) puis s’est étendue aux régions voisines d’Ambara et d’Afar à l’été 2021 (c/f carte).

Répondant à une offensive de l’armée, les rebelles tigréens du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) via sa branche du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) ont tenté une offensive sur Addis-Abeba au début novembre mais ont été repoussés par les forces gouvernementales le même mois. Un cessez-le-feu a été conclu en mars car aucune des deux parties ne parvenait à emporter la décision.

Ce conflit qui a repris le 26 août met face à face Debretsion Gebremichael, le président de la région du Tigré au Premier ministre Abiy Ahmed (prix Nobel de la paix 2019 pour avoir résolu le conflit vieux de 50 ans entre l’Éthiopie et l’Érythrée), lui-même un Oromo mais opposé au Front de libération oromo (ALO) qui est souvent entré en dissidence avec le gouvernement d’Addis-Abeba.

Le retour des combats inquiète la communauté internationale qui tente de réconcilier les deux camps (les Oromos se partageant entre les deux) dans ce pays qui compte plus de 110 millions d’habitants (dont 5,3 millions de Tigréens).

Le 26 août, un raid aérien gouvernemental a touché des zones civiles dans Mekelé, la capitale du Tigré, tuant au moins quatre civils dont deux enfants (selon l’Unicef, un jardin d’enfants a été atteint alors que le gouvernement éthiopien a assuré de son côté ne viser que des « cibles militaires »).

Selon un diplomate occidental en poste à Addis-Abeba, ce nouvel accès de violence risque d’enterrer les espoirs de paix entretenus par la communauté internationale depuis mars. Il dit redouter maintenant « une confrontation massive ».
En effet, selon l’AFP, les deux parties avaient entamé de timides négociations. Malgré quelques gestes de bonne volonté – la remise en route de l’aide alimentaire vers le Tigré et la libération de prisonniers de guerre –, les deux camps ont été incapables capables de s’assoir à la même table tant la défiance est importante.

Plusieurs autres frappes aériennes ont eu lieu le 26 août sur le front sud, dans la région de Raya Azebo (province d’Amhara), où se sont concentrés l’essentiel des affrontements récents.

Il est difficile d’imaginer ce qui va se passer dans les semaines à venir. La seule chose que l’on sait, c’est que le Tigréens sont à genoux sur le plan humanitaire, ce qui ne retire rien à leur valeur combative que l’on peut comparer à celle des rebelles houthis au Yémen voisin. Mais si les Houthis sont pour leur part eux soutenus discrètement par l’Iran, en Éthiopie Téhéran accorde ses faveurs au pouvoir en place à Addis-Abeba. L’Éthiopie est en effet sa « porte d’entrée » sur le continent africain. Des liaisons aériennes régulières réunissent les deux capitales. Discrètement, Téhéran aurait livré des drones Mohajer-6 et vraisemblablement les munitions qui vont avec.

1 . Voir : « Éthiopie. Prémices d’une nouvelle guerre civile ? » du 5 novembre 2021.

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Texte

Alain Rodier

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