Le 20 janvier, un commando de Daech a attaqué la prison Ghwayran à Hassaké, localité située au nord-est de la Syrie. Cette région est majoritairement contrôlée(1) par les Forces démocratiques syriennes (FDS) mises sur pied par les Américains en 2014 à partir d’activistes kurdes et de tribus arabes opposées au régime de Bachar al-Assad mais menacées par Daech.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) basé à Londres a affirmé qu’un nombre indéterminé de prisonniers membres ou sympathisants de Daech seraient parvenus à s’enfuir. Si les autorités des FDS ont bien reconnu cette attaque, elles n’ont pas parlé de détenu échappé.

Un véhicule suicide a d’abord explosé à l’entrée de la prison Ghwayran. Cette déflagration a été suivie d’une seconde explosion qui a ajouté à la panique. Selon une tactique bien rôdée (et bien connue car très pratiquée sur le front syro-irakien) des combattants se seraient précipités à l’intérieur profitant de la confusion créée.

Daech qui avait établi son califat en 2014 à cheval sur la Syrie et l’Irak a été vaincu territorialement en mars 2019. Les activistes survivants et leurs familles se sont égayés dans la nature et mènent depuis des actions de harcèlement contre les forces gouvernementales syriennes et irakiennes, mais aussi contre les FDS qui tiennent en Syrie la rive orientale de l’Euphrate sous la protection des Américains (en dehors de la frontière turque ou se sont des Russes, les Turcs qui ont repris le terrain).
Il est de tradition au sein des mouvements jihadistes de tout faire pour récupérer les moudjahiddines qui sont prisonniers. Al-Qaida avait lancé cette stratégie en Irak par une politique appelée « brisons les murs ». Cela leur permet d’affirmer qu’ils n’abandonnent jamais les leurs.

Bien que dans cette période de fortes tensions internationales et de désordres sur la terre africaine, les medias ne parlent plus de Daech au Moyen-Orient, cette nébuleuse – comme Al-Qaida – existe toujours et retisse patiemment sa toile à l’abri des regards. L’objectif actuel est de survivre, recruter de nouveaux membres, mais aussi de saper toute autorité, qu’elle soit gouvernementale, régionale ou tribale de manière à maintenir la pression sur les populations. À savoir, se sentant abandonnées car la reconstruction ne pouvant se faire correctement, ce sont ces populations qui fourniront les activistes islamiques de demain. Les salafistes ne sont pas pressés car ils savent que le jihad s’étalera sur des générations.

 

1. Une petite partie de la province d’Hassaké est sous le contrôle de forces gouvernementales syriennes, surtout dans la ville d’Al-Qamishli. Des heurts ont lieu sporadiquement entre ces dernière et les FDS mais une coexistence de fait existe de manière à combattre l’ennemi commun : les salafistes-jihadistes de Daech.

 

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Alain Rodier

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