Selon le Wall Street Journal du 5 décembre, le renseignement américain pense que la Chine cherche a bénéficier d’une base navale en Guinée Équatoriale. Cela donnerait à Pékin la première infrastructure navale dans l’Océan Atlantique.

Si ce projet à Bata (la capitale économique du pays) est mené à terme, les navires de la Marine de guerre chinoise pourrait y faire escale, s’y ravitailler, effectuer des réparations et effectuer des rotations d’équipages. À terme, cela pourrait représenter une menace (décelée dès 2019) pour la côte Est des États-Unis.

L’adjoint au Conseiller à la sécurité nationale John Viner qui s’est rendu en Guinée équatoriale en octobre dernier aurait demandé aux autorités de ne pas donner suite à ce projet, car, pour Washington, certaines démarches chinoises dans le domaine de la sécurité maritime relève de la sécurité nationale américaine. La demande a dû rester lettre morte pour que le renseignement américain soit contraint de laisser fuiter l’information dans la presse.

C’est la Chine qui a fait le port en eaux profondes de Bata ainsi que les autoroutes reliant la ville au Gabon et à l’Afrique Centrale, les travaux s’étant étalés de 2009 à 2014.
Les ministres des affaires étrangères des deux pays, Wang Yi et son homologue Simeon Oyono Esono Angue, se seraient entretenus du sujet en novembre lors q’une rencontre à Dakar au Sénégal.
Le général Stephen Townsend, le commandant de l’US Africa Command (AFRICOM) avait témoigné en avril devant le Sénat que la plus grande menace posée par la Chine en Afrique était « l’obtentions de facilités navales sur la côte atlantique de l’Afrique ».

Déjà la Chine s’est implantée en 2017 à Djibouti à proximité du Détroit de Bab el-Mandeb. À terme, ses installations pourraient accueillir ses navires de plus fort tonnage dont les portes-aéronefs et les sous-marins à propulsion nucléaire.

Des compagnies étatiques chinoises ont construit en une vingtaine d’années une centaine de ports commerciaux autour du continent africain.
Cela dit, la Pékin place pour le moment ses efforts dans le cadre de la sécurisation des abords maritimes du continent africain, en particulier en luttant contre la piraterie. Comme ailleurs, son grand projet de « nouvelle route de la Soie » se heurte à l’insécurité et au crime organisé. La protection des routes maritimes – au même titre que la sécurisation des routes terrestres et aériennes – est donc un enjeu vital pour les cinquante ans à venir.

La projection de puissance de la Chine en Atlantique comme semble le craindre les États-Unis, ne paraît pas être à l’ordre du jour, Pékin concentrant pour l’instant ses ambitions hégémoniques sur la zone Pacifique et, dans une moindre mesure, à l’Océan Indien.

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Alain Rodier

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