Selon la traduction faite par l’expert Wassim Nasr, il appelle d’abord « à tenir bon sur le chemin du jihad en Palestine en comparaison avec les négociations qui n’ont rien amené » ; il demande aussi aux musulmans d’accomplir leur devoir de jihad vis à vis de la Palestine. En cela, il s’oppose à Daech qui semble avoir laissé de côté la cause palestinienne (1) en raison du soutien qui lui apporté par l’Iran.
Il souligne que « l’éveil de la oumma est réel et s’est manifesté par les milliers de jeunes qui ont rejoint le jihad et la destitution de plusieurs tyrans ». Il ne précise pas lesquels mais à l’évidence, son objectif – comme pour Daech (1) – est d’attirer de nouveaux adeptes. La méthode d’Al-Qaida est globalement plus soft que celle de son concurrent ne faisant pas directement appel à des menaces.
Sahel
Il accuse le président français d’avoir pris les caricatures (de Mahomet) comme étendard et de légiférer pour éloigner les musulmans de leur religion. Il fait là directement référence aux multiples débats qui ont lieu aujourd’hui en France autour de la laïcité. Bien informé, Annabi évoque même « la tribune des généraux » qui a fait la une de la presse en France. Selon lui, « ils menacent d’intervenir si les musulmans de France ne sont pas traités d’une manière plus dure ».
À propos du Tchad : « suivant le dessein d’Allah, (le président Idriss) Déby est mort avant de pouvoir envoyer ses soldats au Mali suivant sa promesse faite au « G5 (Sahel) » composé du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.
« Ils ont crus (les Français) que les moudjahiddines en se retirant des villes au Mali ont abandonné la Charia (la loi islamique) aux Bambaras, Peuls, Songhaïs, Dogons, Arabes et Touaregs : la France ne vous veut pas de bien ; elle est l’ennemi d’hier et d’aujourd’hui qui a tué nos ancêtres et les vôtres ». Il reprend le couplet de l’anticolonialiste sachant qu’il est extrêmement populaire en Afrique en général mais aussi dans l’intelligentsia française. Son objectif est de représenter un mouvement qui soit « fréquentable » avec lequel il est possible de négocier. Cela a déjà été le cas au Mali, au Niger et au Burkina Faso sous les encouragements de la Mauritanie. Il convient de ne pas oublier que des négociations secrètes ont eu lieu pour libérer des otages. En échange, des centaines de prisonniers jihadistes ont été libérés par les autorités locales.
« Aux Français : l’insistance de votre gouvernement à moquer notre prophète et, faisant de cela une politique officielle, c’est plus grave que l’occupation de nos terres… la politique de couper des têtes [chefs jihadistes] ne marchera pas….sinon elle aurait marché pour les Américains ».
« Vos gouvernements vous trompent en affirmant que l’occupation du Mali est pour empêcher la projection/préparation d’attentats … ceci est un mensonge, tout le monde sait que jamais votre pays n’a été attaqué depuis le Mali (2)… vous devrez faire pression pour un retrait… ».
Il s’adresse ensuite aux putschistes de Bamako : « regardez comment ils (les Français) vous ont abandonné après vous avoir soutenu contre IBK, Ibrahim Boubacar Keïta (le président du Mali jusqu’au 18 août 2020).
Al-Annabi sait qu’il peut séduire un certain nombre de Français issus de l’immigration (sans compter les convertis) mais il n’en n’est pas à appeler ses fidèles à le rejoindre au Sahel ni à commettre des exactions en métropole. Mais ces deux possibilités sont certainement dans son esprit. Il peut les utiliser s’il pense que c’est dans l’intérêt de sa cause.
Plus largement, il félicite le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans – GSIM – pour ses attaques et la libération des prisonniers « soyez cléments avec les gens et impitoyables avec les apostats ».
1 – Voir aussi : « Déclaration du porte parole de Daech »
2. – ce qui est exact … pour l’instant.