Selon un rapport du Commandement US pour l’Afrique (AFRICOM) du 28 août 2020, il y aurait actuellement 5.000 mercenaires syriens dans le camp du Gouvernement  de l’Accord national (GNA, reconnu par l’ONU) et 2.000 dans celui du maréchal « séditieux » Khalifa Haftar (Armée Nationale libyenne -ANL-).

Les « volontaires » du côté du GNA dépendent de la Société militaire privée (SMP) turque Sadat (Sadat International Defense Consultancy) qui les recrute, les entraîne, rémunère et les encadre avec la bénédiction du président Recep Tayyip Erdoğan. Plusieurs centaines de militaires des forces spéciales turques sont également présents assurant de la formation des forces régulières libyennes, mais aussi des unités de déminage et des opérateurs de défense anti-aérienne. Le rapport ne parle pas des spécialistes turcs qui mettent en œuvre des drones armés et les contre-mesures électroniques (SIGINT).

Les 2.000 mercenaires syriens servant au sein de l’ANL sont sponsorisés par la Russie, en particulier par le groupe Wagner qui aurait assuré leur recrutement en Syrie. Le nombre des mercenaires russes a aussi considérablement augmenté puisqu’à la fin 2019 ils n’étaient plus que 300 à 400 et qu’en août, Washington en comptait 3.000.

En fait, le théâtre de guerre libyen est la continuation de son homologue syrien, les volontaires servant du côté du GNA étant des opposants au régime de Bachar el-Assad et ceux du côté de l’ANL des ex-miliciens (et anciens militaires) aux ordres du régime en place à Damas. Des deux côtés, c’est l’attrait des soldes versées régulièrement qui est le premier élément d’appel même s’il y a parfois des défauts de paiement. Du côté gouvernemental, le financier est le Qatar et du côté de l’ANL, ce sont les Émirats arabes unis. De plus, il est logique de s’interroger sur la présence du côté du GNA de représentants des services secrets turcs (MIT) dont le directeur Hakan Fidan fait souvent le déplacement de Tripoli, et du côté de l’ANL du GRU russe (qui serait le vrai manipulateur du groupe Wagner).

Pour le moment, la situation tactique est bloquée autour du verrou de Syrte tenu par l’ANL. Les exportations de pétrole sont également à l’arrêt en dehors des différents trafics  qui perdurent comme celui des migrants clandestins à destination de l’Europe.

Quoiqu’en disent les rodomontades des uns et des autres, la situation n’est pas près d’évoluer car aucune des deux parties n’a la puissance nécessaire pour vaincre son adversaire ni pour gérer l’ensemble du pays.

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Texte

Alain Rodier

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