Le vendredi 19 juin, vers 14 H 30, le juge iranien Gholamreza Mansouri de 52 ans a trouvé la mort en tombant du sixième étage de l’hôtel Duke à Bucarest (Roumanie). Il avait quitté l’Iran en 2019 sous le prétexte de venir se faire soigner à Hanovre (Allemagne) par le Professeur Majid Samii d’origine iranienne, président de l’Institut de Neuroscience International (INI). Toutefois, les autorités judiciaires iraniennes le recherchaient pour des faits de corruption. Elles le soupçonnaient avoir reçu frauduleusement l’équivalent de 500.000€.

Un passé controversé
En 2011, Gholamreza Mansour avait été nommé procureur au sein du parquet de la Culture et des Médias chargé de contrôler les artistes et les journalistes. C’est dans ce cadre que l’opposition iranienne en exil, Amnesty International et Reporters Sans Frontières (RSF) l’accusaient de crimes contre les Droits de l’Homme, particulièrement en 2013 alors qu’il exerçait ses activités au temps où Mahmoud Ahmadinejad était président de la République islamique. Il aurait ainsi fait arrêter, incarcérer et torturer au moins une vingtaine de journalistes.

Se sentant menacé à la fois par le pouvoir iranien qui avait déposé des demandes d’extradition à son égard via-Interpol et par les opposants (RSF avait porté plainte auprès de la justice allemande le 11 juin) qui voulaient qu’il soit arrêté et jugé en Allemagne, cet Iranien de 66 ans était passé clandestinement en Roumanie. Mais le 13 juin il y avait été appréhendé à la demande de l’Allemagne. Placé sous contrôle judiciaire, il devait régulièrement se présenter au poste de police local en attendant une décision judiciaire le concernant. Bucarest attendait de Téhéran les documents officiels prouvant les charges pesant sur lui avant d’autoriser son retour en Iran (il devait passer devant un juge roumain le 10 juillet). L’intéressé qui s’était exprimé sur Internet peu de temps auparavant, avait exprimé son souhait de rentrer s’expliquer en Iran dès que les interdictions de voyager en raison du coronavirus, seraient levées.
La police enquête sur cette mort troublante sachant qu’il a été retrouvé près du desk de l’hôtel mais que personne ne l’a vu chuter. Dans un premier temps, la police avait annoncé qu’il était tombé sur le trottoir mais les photos montrent bien que sa dépouille a été évacuée depuis l’intérieur de l’hôtel. La thèse la moins plausible étant celle de l’accident. Celle du suicide est plausible mais celle d’un assassinat n’est pas à exclure. En effet, Gholamreza Mansour avait certainement beaucoup de choses à raconter qui pouvaient embarrasser Téhéran mais aussi les personnes impliquées dans la vaste affaire de corruption jugée en Iran depuis le 7 juin. Seule l’enquête policière avec, en particulier, l’exploitation des films de vidéo-protection de l’hôtel, permettra de lever les doutes.

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Alain RODIER

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