Le 14 septembre 2019, à 4 heures du matin, 18 drones et sept missiles de croisière s’écrasent en quelques minutes sur deux sites de traitement du pétrole Saudi Aramco à Abqaïq et Khurais, dans l’est de l’Arabie Saoudite. Les deux installations sont aussitôt la proie de gigantesques incendies. Leur fermeture provoque la réduction de la production pétrolière en Arabie Saoudite d’environ 60 % (soit environ 5 % de la production mondiale de pétrole), entraînant une déstabilisation des marchés financiers mondiaux.

Cette attaque – menée par l’Iran, selon Riyad, Washington et Tel-Aviv – contre les installations pétrolières saoudiennes a réellement surpris nombre de gouvernements occidentaux, qui, après analyses, la considèrent comme « parfaite » tant du point militaire que du point de vue politique.

Bien que Téhéran n’ait jamais reconnu cette attaque, laissant aux Yéménites houtis le soin de se l’attribuer, il fait peu de doute que seul un pays peut mener des frappes de ce type. Et cela, après une vaste opération de renseignement et de reconnaissance des sites, une planification de l’attaque réalisée à un niveau très important, voire suprême, c’est-à-dire gouvernemental, afin de provoquer une surprise totale de l’adversaire mettant en échec ses défenses.

Selon les Saoudiens, les 18 drones transportant chacun une charge d’une vingtaine de kilos d’explosifs se sont écrasés sur l’usine de traitement du brut d’Abqaïq. Dans le même temps, et avec des effets beaucoup plus importants, les sept missiles de croisière ont touché et incendié une partie du site de Khurais.

Cette attaque a mis en évidence les capacités des Iraniens à frapper dans la profondeur toute cible dans la région. Israël étant à terme, après l’Arabie Saoudite et les Émirats, la cible principale et déclarée de l’État iranien. En particulier, ses sites de production électrique et ses usines de désalinisation.

Tel-Aviv considère aussi que la menace la plus proche est celle du Hezbollah, armé par Téhéran. D’où, depuis plusieurs années, des frappes à répétition : on parle de 200 frappes majeures, ces deux dernières années, contre des entrepôts d’armement et des sites d’assemblage de missiles du mouvement chiite libanais en Syrie, mais aussi en Irak.

L’Arabie Saoudite et les Émirats attendaient une réponse énergique des États-Unis après l’attaque du 14 septembre. Mais les déclarations de Washington n’ont été suivies d’aucun effet. Ce qui a ravivé la crainte d’Israël et des pays de la péninsule Arabique que les Américains ne se retirent totalement de cette région sans rien faire, à l’exception de quelques actions commandos à l’image de celle contre Al-Bagdhadi dans le nord de la Syrie.

La question est de savoir jusqu’à quel point une nouvelle attaque de ce type deviendra inacceptable pour les États-Unis et leurs alliés dans la région…

 

Éric MICHELETTI

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