La très lourde mise en garde adressée, le 10 avril, par le Conseil de la Fédération de Russie (traduction : Vladimir Poutine) au gouvernement de Kiev au sujet du passage de navires ukrainiens dans le détroit de Kertch risque d’embraser à nouveau cette région, et peut être de justifier des opérations militaires des séparatistes soutenus par Moscou contre l’Ukraine.

En effet, le Conseil de la Fédération de Russie déclare que Kiev ne respecte pas les procédures signées en 2003 pour garantir la liberté de navigation en mer d’Azov. Pourtant cette dernière s’était vu accorder le statut « d’eaux intérieures de l’Ukraine et de la Russie » avec le détroit de Kertch, séparant la mer d’Azov de la mer Noire, et ne devait être soumise à aucun type de contrainte, y compris pour les navires militaires.

Toutefois, l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014 a changé la donne, en particulier pour ce qui concerne le détroit de Kertch, Moscou contrôlant désormais les deux rives. Ainsi, en novembre 2018, trois patrouilleurs ukrainiens ont été arraisonnés par les garde-côtes russes dans les environs du détroit de Kertch, pour une raison que seul Moscou connaît : « les navires de guerre ukrainiens avaient illégalement franchi le détroit »…

Cet incident a créé un regain de tension entre Kiev et Moscou. Dans foulée, l’OTAN, alliée de l’Ukraine, a renforcé sa présence navale en mer Noire. Au plus grand énervement de la Russie, qui a dénoncé la présence croissante de navires de l’OTAN en mer Noire, ainsi qu’en mer Baltique. Ce à quoi le commandement de l’OTAN a répondu que cette présence accrue était nécessaire afin de dissuader « une Russie très agressive ».

Mais le problème reste entier pour Kiev, car ses ports en mer d’Azov sont cruciaux pour les exportations et tout blocage de ses navires commerciaux peut avoir des conséquences catastrophiques sur l’économie.

Les Russes ont prévenu : « Les tentatives de l’Ukraine pour contourner les accords font peser le risque d’un conflit militaire entre l’Ukraine et la Russie. Et l’OTAN pourrait être impliquée. »

L’été risque d’être chaud sur les rives de la mer d’Azov.

Bonne lecture.
Eric Micheletti

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