Ils sont méconnus, mais pas inconnus : les ARTEC de la Direction du renseignement militaire sont les spécialistes du recueil et de l’exploitation des indices tactiques (ou SSE en anglais). Logés au sein du centre interarmées de recherche et de recueil du renseignement d’origine humaine, ils constituent donc, de fait, la portion congrue des personnels de la DRM employés hors de Creil et de Balard, directement sur le terrain. La section, à l’effectif non dévoilé, ne comprend que des officiers et des sous-officiers, et pas de femmes. Chaque opérateur réalise au moins une opex par an, en phase avec ce que font toutes les unités spécialisées françaises. En permanence, des ARTEC sont d’astreinte dans le cadre de l’échelon national d’urgence.

L’emploi des membres de la section se fait par binômes. Les préréquis de recrutement sont le brevet para (pour être largué au plus près de l’action), l’adaptabilité (pour ne pas être un boulet pour l’unité assistée) et, évidemment, la curiosité. 

Pour faire rayonner leur activité, les ARTEC présentent en condensé l’exploitation d’un combattant tué au combat. Après avoir déterminé que ce dernier n’est pas piégé, la fouille commence, réalisée par un opérateur, tandis que l’autre photographie minutieusement tout ce qui lui est transmis, face à une réglette. Évidemment, le temps est déterminé par le contexte tactique (combats qui perdurent, temps disponible avant de quitter la zone, etc.). Des empreintes palmaires et d’iris, ainsi que des prélèvements ADN, sont systématiques. Elles sont captées par le Seek Avenger. Ce processus est autorisé, et le stockage l’est aussi depuis l’adoption des textes législatifs qui ont suivi les attaques terroristes de 2015 (dès 2008, la France réalisait des captations d’iris à l’aide d’appareils américains). Ils permettent aussi une identification croisée d’un mort, ce qui évite d’avoir par la suite à le déterrer – problématique qui s’est avérée plutôt traumatisante pour certains opérateurs qui ont été contraints de le faire.

Tous les supports électroniques sont appréciés, avec la possibilité de les exploiter partiellement dès le terrain (lecture de carte SIM, de cartes d’appareil photo, etc.) ou a posteriori (disques durs, ordinateurs, etc.). Cette partie peut être réalisée en base arrière ou en métropole par le CRAC de la DRM, spécialiste de la cybersécurité. L’exploitation de ces différents supports a déjà permis, par le passé, d’identifier des terroristes, ou de relancer des opérations, ce qui constitue une des missions prioritaires des ARTEC.

Environ la moitié de l’effectif de la section provient des unités spécialisées du domaine Rens ou des forces spéciales (qui pratiquent le SSE souvent sans les ARTEC de la DRM, au moins un ou deux opérateurs formés par groupe action), mais l’autre partie est issue d’unités non spécialisées. C’est le cas depuis l’an dernier, par exemple, de commandos parachutistes de l’air (hors CPA 10) et de fusiliers commandos de l’air. La formation est assurée en interne par la section, qui dispense aussi celle des opérateurs SSE des unités spécialisées. Historiquement, seul le COS avait cette compétence, qui est très vite montée en puissance avec le Mali, mais les GCP et GCM sont aussi désormais formés. Ce qui est assez logique puisque toutes ces unités sont en prise directe avec les GAT lors d’actions « coup de poing ».

Cette stratégie d’exploitation des indices tactiques n’est évidemment possible que si la tactique évite de « défourailler » à tout-va, mais elle limite l’emploi de la force aérienne (la plus destructrice) afin de préserver le recueil.

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