L'amiral Sir Tony Radakin, le chef des forces armées britanniques a affirmé devant la commission de la défense du Parlement que l'armée russe avait perdu la moitié de son efficacité au combat en Ukraine et que la principale poussée de la contre-offensive de Kiev restait à venir.

Il a rejeté l’idée selon laquelle la contre-offensive ukrainienne se déroulait « lentement » arguant que repousser l’armée Russie n’était « jamais une action simple ». Pour lui la stratégie militaire de Kiev consistant à « diminuer, étirer et frapper » brisait progressivement les lignes défensives russes.

Il a reconnu que Kiev a eu du mal à percer les défenses fortement fortifiées de la Russie lors de sa contre-attaque lancée il y a un mois, dégonflant les espoirs de certains des alliés occidentaux qui s’imaginaient que les forces armées ukrainiennes réaliseraient une percée rapide.

« La question est de savoir comment prendre une ligne de front longue de plus de mille kilomètres et en faire un problème plus important pour la Russie que pour l'Ukraine  [...] c'est pourquoi vous voyez plusieurs axes sondés et des feintes lancées par l'Ukraine ».

Sir Tony Radakin,Chef d'État-Major des armées britanniques

Il a admis que la densité « plus forte que prévu » des champs de mines russes, le manque de couverture aérienne ukrainienne et « l’insuffisance d’équipements demandés » avaient compliqué la campagne.

Mais il a également déclaré qu’il était injuste d’imposer à l’Ukraine des délais précis et que « la Russie est maintenant si faible qu’elle n’a pas la force de déclencher [sa propre] contre-offensive ».

« L’année dernière, l’armée russe a tiré dix millions d’obus d’artillerie mais, au mieux, ne peut en produire qu’un million par an. Elle a perdu 2.500 chars et peut au mieux en produire que 200 [nouveaux] par an ».

Le Royaume-Uni est le deuxième fournisseur d’aide militaire à l’Ukraine après les États-Unis et a été à l’avant-garde en ce qui concerne la fourniture à Kiev d’équipements militaires de pointe, notamment des chars de combat de bataille et des missiles de croisière à longue portée.

Dans une série d’échanges souvent tendus avec des membres de la commission de la défense du Parlement britannique, Radakin a également défendu l’état de préparation des forces armées tout en reconnaissant que l’armée utilisait des véhicules blindés « vraiment vieux ». « Nous devons avoir des stocks plus importants, nous devons être plus létaux et nous devons augmenter notre productivité ». Il a conclu en disant : « je ne dirais pas que je suis satisfait ».

Il convient de souligner que les Britanniques sont parmi les plus impliqués contre la Russie. Ainsi, Tobias Ellwood qui préside le comité de la défense du Parlement britannique (ancien capitaine d’active, Lt-colonel de réserve) aurait déclaré le 30 janvier 2023 : « il appartient au Trésor et au numéro 10 [le Premier ministre] de reconnaître que le monde change ; nous sommes maintenant en guerre en Europe, nous devons passer sur un pied de guerre  […] Nous sommes impliqués dans cela, nous avons mobilisé nos programmes d’armement, nous offrons du matériel »…

Cela dit, les Britanniques sont généralement bien renseignés (1).

 

 

1. Voir : « UKRAINE : Situation selon le renseignement militaire britannique » du 15 août 2022.

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Texte

Alain Rodier