Cette vidéo inclut également des appels aux « loups solitaires » pour assassiner des dirigeants en Égypte, en Jordanie et dans les États arabes du Golfe.
Le message présente des images de Trump et Musk, du vice-président américain JD Vance, du secrétaire d’État Marco Rubio et du secrétaire à la Défense Pete Hegseth, ainsi que des logos des entreprises de Musk dont Tesla.
Né en 2009 de la fusion des factions yéménites et saoudiennes d’Al-Qaida, AQPA est complètement distincte du groupe rebelle yéménite houthi qui contrôle la plus grande partie du pays et a ordonné un cessez-le-feu avec les États-Unis au début juin.
Al-Awlaki est devenu l’émir du groupe en 2024 en remplacement du prédécesseur Khalid Batarfi mort cette année-là (les causes de son décès ne sont pas connues.)
Il a déjà une prime de six millions de dollars sur la tête, ayant « publiquement appelé à des attaques contre les États-Unis et leurs alliés. »
Selon les experts de l’ONU, AQPA, qui compte entre 3.000 et 4.000 membres collecterait des fonds en pillant établissement bancaires ainsi qu’en se livrant à la contrebande d’armes et de fausse monnaie et à des enlèvements contre rançon.
Aujourd’hui, en mettant l’accent sur la guerre israélienne contre Gaza, AQPA semble suivre l’exemple du groupe Houthi, qui a lancé des attaques de missiles contre l’État hébreu et des navires commerciaux ciblés se déplaçant à travers la mer Rouge en solidarité avec les Palestiniens sous les feux de feu israéliens.
Cet appel d’AQPA au jihad mondial en réponse à la guerre israélienne à Gaza, accusant Israël et les États-Unis de « crimes contre l’humanité » est une première.
À savoir qu’AQPA n’avait jamais fait de la cause palestinienne un enjeu majeur car dans sa stratégie, Al-Qaida – et ses branches extérieures dont AQPA – ne reconnait aucun territoire et les combats « nationalistes », fussent-ils islamiques, ne sont pas les siens. Son objectif final est l’instauration d’un califat mondial qui respecte la Charia.
De plus, Al-Qaida n’a jamais trouvé un terreau fertile à Gaza ou en Cisjordanie, concurrencé par des mouvements islamistes nationalistes tels que le Jihad islamique et le Hamas aux fortes identités palestiniennes et, qui plus est, soutenus par les « apostats » chiites iraniens.
Cet appel cible aussi les États arabes qui brillent par leur mutisme sur la situation à Gaza, mais aussi à des actions dirigées contre des citoyens israéliens et américains de par le monde.

Il ne faut pas oublier qu’AQPA a occupé une place particulière au sein de la nébuleuse : c’est la branche chargée des opérations extérieures qui a inspiré des attentats en Occident.

L’un des maîtres d’œuvre était Anwar bin Nasser bin Abdullah al-Awlaqi, un imam américain d’ascendance yéménite. Il était l’idéologue d’AQPA. Il a été neutralisé par un drone américain le 30 septembre 2011.
Auparavant, il avait correspondu avec le major-psychiatre de l’US Army Nidal Malik Hasan, un américain d’origine palestinienne qui fut l’auteur de la tuerie de Fort Hood (Texas) perpétrée le 5 novembre 2009 qui fit treize morts et une trentaine de blessés.
Anwar al-Awlaqi est aussi suspecté d’avoir recruté et inspiré le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab qui a tenté d’incendier le vol 253 Northwest Airlines Flight reliant Amsterdam à Détroit le 25 décembre 2009.
Enfin, Chérif Koachi, l’un des deux auteurs de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 (12 morts, 11 blessés) a déclaré à la presse avoir été financé lors d’un séjour de formation au Yémen en 2011 par Anwar Al-Awlaki.
Depuis 2010, AQPA publie la revue Inspire qui appelle régulièrement au meurtre contre les « mécréants » (19 numéros dont le dernier de février 2024 en vidéo.)


Cela dit, il s’agit plus d’une incitation au passage à l’acte lancée aux fidèles du salafisme-jhadisme implantés dans le monde que la préparation d’une opération terroriste lancée depuis un réduit d’Al-Qaida. Il semble que la nébuleuse n’en n’a pas les moyens…
Il convient de ne pas oublier Daech qui est en « concurrence » avec Al-Qaida(1) et qui souhaite aussi se distinguer en cette période où la menace jihadiste est considérablement occultée par les conflits en cours : Ukraine et Gaza.
En effet, alors que l’Europe concentre ses efforts contre la menace que fait peser la Russie sur le vieux continent, l’Administration Trump ne semble plus être hostile à une vaste opération de bombardement de l’Iran, les mollahs étant revenus en tête de liste des adversaires à abattre pour Washington qui est, plus que jamais, derrière l’État hébreu.
(1) Voir : « La menace terroriste islamique » du 4 avril 2024.