Comme cela était attendu et redouté, Israël poursuit son plan méthodique de destruction du Hezbollah entamé depuis que ce dernier s’est impliqué dans la guerre à Gaza en ouvrant un « front nord » dès le 8 octobre 2023.

Ce plan était dans les cartons de l’état-major israélien depuis l’échec de l’intervention mitigée de 2006 qui avait duré 33 jours amenant à une trêve et à la résolution 1701 de l’ONU du 11 août 2006 (qui n’a jamais été respectée). 119 Israéliens et environ 250 activistes de Hezbollah (600 à 800 selon Israël) avaient péri lors de cette opération baptisée « Juste Rétribution» puis « Changement de Direction ».

Ainsi, Tsahal a officiellement annoncé mardi 1er octobre que des troupes au sol avaient traversé la frontière pour combattre le Hezbollah dans des villages du sud du Liban.

Après les coups de boutoirs infligés au mouvement terroriste chiite causés par la liquidation ponctuelles de ses cadres opérationnels puis par la destruction d’une partie de ses systèmes de communications via le piégeage des bipeurs et autres talkies-walkies puis par la neutralisation de son secrétaire général Hassan Nasrallah le 27 septembre et de nombre de ses collaborateurs durant les jours qui ont suivi, l’État hébreu a pris la décision de poursuivre la destruction de la structure du Hezbollah en la poursuivant à terre.

L’Histoire a largement démontré qu’aucune guerre ne se gagne sans envoyer des troupes au sol – les bombardements étant toujours insuffisants (excepté en 1945 au Japon, mais c’est une autre affaire) -.

Un communiqué de l’armée israélienne précise que ces opérations terrestres qui ont débuté lundi soir sont « limitées, localisées et ciblées […] contre des cibles et des infrastructures terroristes » du Hezbollah. Tsahal poursuit : « ces cibles sont situées dans des villages près de la frontière et constituent une menace immédiate pour les communautés israéliennes du nord d’Israël ».

Le nombre de militaires et les matériels engagés n’a pas été divulgué.

Cette opération est accompagnée de nouvelles frappes sur l’ensemble du Sud-Liban et sur le sud de Beyrouth.

Depuis le début des opérations lancées par Israël au Liban, le Hezbollah n’est pas le seul à être ciblé

En effet, les Israéliens profitent de leur avantage pour « nettoyer » le Liban de leurs adversaires les plus farouches. Ainsi, Fateh Sherif Abu Amin, le chef du Hamas pour le Liban a été tué lors d’une frappe aérienne à Beyrouth ce week-end…

Selon l’AFP, un responsable d’un camp palestinien à Sidon, dans le sud du Liban a déclaré qu’une frappe avait visé Mounir Maqdah, le présumé responsable des brigades d’Al-Aqsa, la branche armée du Fatah au Liban : « le raid israélien a visé la maison du fils de Mounir Maqdah » dans le camp d’Ain al-Helweh. Il semble que Mounir Maqdah ne se trouvait pas là.

Soutien de Washington

Washington qui avait été mis au courant de l’offensive terrestre israélienne soutient son allié assurant par là même sa « couverture extérieure ».

Ainsi, le secrétaire d’État à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré sur le réseau X être convaincu, comme Israël, de la « nécessité de démanteler les infrastructures d’attaque » du Hezbollah afin de garantir qu’il « ne puisse pas mener des attaques du type de celles du 7 octobre contre les communautés du nord d’Israël ».

Il a un peu nuancé en ajoutant qu’une « résolution diplomatique est nécessaire » pour assurer la sécurité des civils « des deux côtés de la frontière ».

Mais le chef du Pentagone aussi mis en garde Téhéran contre une éventuelle « attaque militaire directe visant Israël » en soulignant les « graves conséquences » que celle-ci entraînerait pour l’Iran.

D’ailleurs, prudent, Téhéran a affirmé qu’il ne « déploierait » pas de combattants au Liban et à Gaza pour affronter Israël, estimant que « les gouvernements du Liban et de Palestine ont la capacité et la puissance nécessaires pour faire face à l’agression du régime sioniste ».

Naim Qassem, le secrétaire général adjoint du Hezbollah avait déclaré lundi que les combattants du Hezbollah étaient « prêts si Israël décidait d’entrer au sol ».

Il avait poursuivi en affirmant : « Israël n’a pas été en mesure d’entamer nos capacités militaires ».

De manière à ce que la Syrie n’intervienne pas non plus directement, des frappes israéliennes ont  ciblé la région de Damas cette nuit. L’agence de presse officielle Sana a fait état de trois civils tués et de neuf autres blessés dans ces raids. Selon la télévision syrienne d’État, une journaliste, Safaa Ahmad, figure parmi les morts.

La communauté internationale désemparée

Le patron de l’ONU Antonio Guterres avait dit lundi son opposition à toute « invasion terrestre » israélienne du Liban, tandis que le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, en déplacement à Beyrouth, avait appelé Israël à « s’abstenir de toute incursion terrestre » tout en demandant un cessez-le-feu.

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Texte

Alain Rodier