Le ministère turc de la Défense a déclaré le 13 janvier que neuf militaires turcs avaient été tués et quatre autres blessés lors d'une attaque menée par des activistes du PKK contre une base militaire turque implantée dans le Nord de l'Irak. Le ministère a précisé que les soldats ont été tués lors d'affrontements avec des terroristes du PKK suite à une tentative d'intrusion sur une base installée près de Metina au Kurdistan irakien. Les blessés ont été transférés à l'hôpital précisant qu'au moins douze terroristes avaient été neutralisés lors des combats.

Une réunion de sécurité s’est immédiatement tenue à Istanbul sous la houlette du président Recep Tayyip Erdoğan rassemblant le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya, le ministre de la Défense Yaşar Güler (depuis le 3 juin 2023), le chef d’état-major général Metin Gürak et le chef de l’Agence nationale de renseignement (MIT) Ibrahim Kalın. Le communiqué officiel qui a suivi a déclaré que cette réunion « a fait une évaluation complète des stratégies antiterroristes de la Turquie, en se concentrant spécifiquement sur la récente attaque terroriste perfide dans la zone d’opération ‘Serre d’aigle’ dans le nord de l’Irak.»  Il a été rappelé que la Turquie ne permettra jamais l’établissement d’un foyer terroriste le long de ses frontières sud, en toutes circonstances et pour quelque raison que ce soit.

Une opération militaire a été lancée dans la zone pour poursuivre les assaillants.

Parallèlement, selon Ankara, des opérations aériennes ont été menées contre des cibles terroristes dans les régions de Metina, Hakurk, Gare et du Mont Qandil en Irak mais aussi et dans le nord-est de la Syrie, conformément aux droits de légitime défense découlant de l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Selon le ministère de la Défense, les opérations se sont poursuivies le 14 janvier notamment en Syrie où 16 activistes auraient été neutralisés en plus des 48 en Irak du Nord. En tout, ce sont 54 cibles qui auraient été traitées.

Toujours le 14 janvier, le MIT aurait éliminé Hasan Seburi alias « Redur Baz » lors d’une opération transfrontalière menée dans la profondeur dans la région de Souleimaniyah. Ce denier aurait été formé comme officier de renseignement du PKK qu’il aurait rejoint depuis l’Iran en 2023.

Des opérations sont aussi conduites par différentes unités de la gendarmerie (Jandarma) dans la province turque de Şırnak qui jouxte les frontières.

Déjà, douze militaires turcs avaient été tués fin décembre lors de deux attaques distinctes contre des bases militaires turques à Harkuk et Zap dans le nord de l’Irak.

L’objectif de la Turquie depuis des années est du créer unilatéralement une zone tampon de 40 km dans le nord de l’Irak et de la Syrie. À cette fin, l’état major général turc a installé de nombreuses bases au Kurdistan irakien – et dans une moindre mesure dans le Nord de la Syrie – . Il a notoirement renforcé ses implantations dans les régions dans les régions de Hakurk et de Metina.

Aujourd’hui, selon certains observateurs, le nombre de militaires turcs stationnés en permanence en Irak du nord serait passé à près de 10.000. Le chiffre officiel n’est que de 2.000 dont 500 fantassins mécanisés cantonnés depuis des années sur l’aéroport de Bamarni (depuis 1996) et 400 autres à Kani Masi (district d’Amidiya). Le poste de Kani Masi avait été attaqué par le PKK en mars 2020 faisant six tués et quatre blessés parmi les membres de la garnison (photo ci-dessous à droite).

Toujours selon les chiffres officiels, il y aurait 130 membres des forces spéciales qui rempliraient des tâches d’officiers de liaison auprès des peshmergas du PDK (Parti démocratique du Kurdistan) qui préside le gouvernement régional du Kurdistan à Erbil, Dohouk, Batufa, Souleimaniyah et Amadiya.

Dans la ville de Simelé à l’ouest de Dohouk, les services de renseignement turcs (MIT) ont été renforcés par de nouveaux agents. Enfin, des chars de bataille Sabra MK II (M60 modernisés par Israël) ont été déployés sur la base de Bachiqa au nord de Mossoul.

Globalement, il y aurait 38 bases et postes militaires turcs en Irak du Nord.

L’armée turque lance régulièrement des opérations militaires terrestres et aériennes contre les terroristes du PKK et leurs positions dans le nord de l’Irak et dans les régions proches de la frontière.

Les responsables turcs soulignent depuis longtemps qu’ils ne tolèreront pas les menaces terroristes contre leur sécurité nationale et ont appelé les responsables irakiens à prendre les mesures nécessaires pour éliminer le groupe terroriste.

Au cours de sa guerre de plus de 35 ans contre la Turquie, le PKK – qualifié d’organisation terroriste par la Turquie, les États-Unis et l’UE – a été responsable de la mort de plus de 40.000 personnes, dont de nombreux civils.

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Texte

Alain Rodier