Immédiatement après l'attentat qui a eu lieu au centre de Bruxelles le 13 octobre au cours duquel deux personnes ont été tuées, l'agresseur Lassoued Abdeslam, un Tunisien âgé de 45 ans a publié sur Facebook une vidéo dans laquelle il prête allégeance à « Abou Hafs », l’émir de l’Etat Islamique (Daech) mais aussi à ses deux prédécesseurs aujourd’hui disparus.

Il revendique l’attentat assurant avoir tué trois personnes (en réalité, la troisième victime a été blessée gravement mais n’est pas décédée). Il motive son geste comme une vengeance contre « ceux qui portant atteinte à la religion » faisant visiblement référence à des Corans brûlé en Suède lors de manifestations publiques.

Par contre, il ne cite pas la guerre qui se déroule à Gaza.

Peu avant, il avait déjà posté une autre vidéo dans laquelle il apparaissait cagoulé et affirmait que « le livre d’Allah est une ligne rouge pour laquelle se sacrifier […] Nous vivons et mourons selon notre religion ».

Suite à un appel signalant la présence d’Abdeslam Lassoued dans un café à Schaerbeek, la police est intervenu et le suspect est mort dans un échange de coups de feu.

 

Son parcours

Selon des sources ministérielles, il serait arrivé  à Lampedusa en 2011. La même année, il aurait déposé une demande d’asile auprès de la préfecture de police de Turin. Après un séjour en Italie, il aurait rejoint la Suède en 2012 où il a été condamné par le tribunal du district de Göteborg en 2012 à deux ans et deux mois de prison pour de graves infractions liées aux drogues. A l’issue de sa peine, il aurait été renvoyé en Italie. Il se trouvait à Bologne en 2016, où il a été identifié la Digos (Division des opérations spéciales et des investigations) comme « radicalisé ». Il aurait exprimé son désir de rejoindre le jihad mais cela n’aurait pas eu lieu.

On le retrouve en 2021 à Schaerbeek, l’un des quartiers les plus densément peuplés de musulmans à Bruxelles. Il aurait étérayé du registre national des demandeurs d’asile et fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire.

Des informations laissent entendre qu’il aurait aussi été condamné pour terrorisme dans son propre pays…

L’État islamique a de son côté revendiqué sur Amaq, son « organe de presse », la responsabilité de cette action terroriste : « un combattant de l’État islamique a mené une attaque contre des citoyens suédois » ajoutant que cette attaque intervient dans le cadre des opérations menées par l’État islamique pour « prendre pour cible les citoyens des pays de cette coalition ».

Le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne a déclaré : « pour l’instant, on pense plutôt à un loup solitaire [qui] ne faisait pas partie d’une cellule terroriste ». Le motif qui a poussé l’homme à s’en prendre à des personnes de nationalité suédoise, a expliqué le ministre, pourrait être lié aux incendies de Coran survenus en Suède ces derniers mois.

 

France

Mohammed Mogouchkov est l’auteur présumé de l’attaque terroriste ayant tué un professeur du lycée Gambetta d’Arras (Pas-de-Calais) et blessé trois autres personnes le 13 octobre. Avant de passer à l’acte, il aurait publié une vidéo revendiquant son geste au nom de l’État islamique (EI).

Ancien élève du lycée Gambetta, il était surveillé par la DGSI depuis juillet du fait de son islamisme radical. Fiché S, il avait fait l’objet d’un contrôle la veille de l’attaque, mais sans qu’aucune infraction ne lui soit reprochée.

Son frère cadet, un mineur de 16 ans, a aussi été interpelé le même jour à proximité d’un autre établissement scolaire.

Son frère aîné, âgé de 21 ans, condamné une première fois en 2019 à cinq ans de prison pour « association de malfaiteurs terroristes », dans le cadre d’un projet d’attentat aux abords de l’Élysée, a de nouveau été jugé en juin 2023 pour avoir relayé sur Telegram des contenus de violence de l’État islamique.

La famille venait d’Ingouchie, une République russe, voisine de la Tchétchénie, située dans la région du Caucase du nord.

À leur arrivée en France en 2008, Mohammed avait alors 5 ans, la famille a fait sans succès une demande d’asile politique. Elle faillit être expulsée en 2014 mais une mobilisation d’élus et d’associations de défense de sans-papiers a empêché cette expulsion.

Seul le père a été expulsé vers la Russie en 2018 pour des problèmes administratifs et pour soupçon de violences conjugales. Il se trouverait actuellement en Géorgie.

Une menace d’attentats planait sur la Suède et la France après la publication d’une revue en arabe d’Al-Qaida(1).

Mais les deux actions terroristes ont été revendiquées par leurs auteurs au nom de Daech. Seule celle qui a eu lieu en Belgique a reçu une réponse de l’organisation salafiste-jihadiste. Le processus depuis les attentats de 2015 est bien connu : les acteurs émettent leur allégeance à Daech puis, après l’opération, la « nébuleuse » confirme ou pas.

Mais, pour l’instant, les mouvements salafistes-jihadistes ne donnent pas l’ordre de passer à l’action, elles « émettent en l’air » leurs appels au meurtre en espérant que des fanatiques vont les reprendre pour les appliquer.

 

1. Voir : « Al-Qaida menace la France et la Suède » du 18 septembre 2023.

Publié le

Texte

Alain Rodier