Une fusillade a eu lieu dans le district de Gross Borstel situé à quelques kilomètres du centre de Hambourg dans le nord de l’Allemagne le 9 mars vers 21 h 00 (heure locale) dans les locaux des Témoins de Jéhovah et dans la rue attenante de Deelböge. Depuis 19 h 00, les fidèles y tenaient une réunion hebdomadaire pour étudier la Bible.

La police alertée par des signalements de coups de feu est intervenue très rapidement (vers 21 h 15) et a sécurisé les lieux sur un large périmètre. Elle a pénétré dans le bâtiment et fait évacuer les personnes présentes pour les mettre en sécurité et pour vérifier qui elles étaient. Elle a découvert de nombreuses victimes que la presse allemande à évalué à sept tués (quatre hommes, deux femmes et un bébé à naître) et huit blessés dont plusieurs en état critique. Le tireur avait auparavant attaqué une femme dans une voiture dans la rue qui a pu s’échapper miraculeusement.

La majorité des victimes ont été retrouvées sur le sol du lieu où se tenait l’évènement. Lors de l’intervention, un coup de feu a retenti au dernier étage et la police a trouvé un autre corps. Elle pense qu’il s’agit peut-être du tueur qui se serait donné la mort. Une recherche de bombe a ensuite été effectuée par le service spécialisé.

Le tueur, Philipp F. âgé de 35 ans qui détenait légalement l’arme de poing dont il s’est servi depuis décembre a vidé neuf chargeurs avant de retourner l’arme contre lui. Il serait un ancien membre des Témoins de Jéhovah qu’il aurait quitté il y a 18 mois et aurait voulu se « venger » des obligations qui lui auraient été imposé, notamment des ruptures familiales. Comme d’habitude dans ce cas de violences, le côté psychiatrique du tueur interpelle.

Les fusillades sont rares en Allemagne. En janvier 2022, une personne avait été tuée après qu’un homme ait ouvert le feu sur des étudiants à la bibliothèque de l’Université de Heidelberg dans le sud-ouest du pays. Une tuerie de masse avait eu lieu en 2020 dans des bars à chicha causant la mort de plusieurs personnes.
Même si l’affaire actuelle semble relever du droit commun, la menace terroriste est toujours une priorité dans le pays avec deux origines : le fondamentalisme islamique et l’extrême-droite.
Dans le passé, l’Allemagne a été victime d’attaques jihadistes, en particulier en décembre 2016 l’attentat au camion-bélier revendiqué par Daech qui avait fait 12 morts. Cette attaque jihadiste est la plus meurtrière jamais commise sur le sol allemand (il a y également eu plusieurs attaques à l’arme blanche).
Selon les sources sécuritaires berlinoises, le nombre d’islamistes considérés comme dangereux se trouvant en Allemagne a été multiplié par cinq entre 2013 et la fin 2021 pour s’établir actuellement à 615. Celui des salafistes est évalué à environ 11.000, soit deux fois plus qu’en 2013.
L’autre menace qui pèse sur l’Allemagne est représentée par l’extrême droite radicale. Il y a eu plusieurs attaques meurtrières ces dernières années visant particulièrement des lieux communautaires ou religieux.
En février 2020, un Allemand proche de la mouvance complotiste avait assassiné neuf jeunes, d’origine étrangère à Hanau, près de Francfort (ouest du pays). En 2019, un extrémiste avait tenté de commettre un attentat meurtrier dans une synagogue de Halle le jour du Yom Kippour. Il n’avait pu pénétrer dans les lieux mais avait tué deux passants avant d’être arrêté.

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Texte

Alain Rodier

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