Le porte-parole du Pentagone, le brigadier général d’aviation Pat Ryder, a déclaré à la presse que le groupe amphibie Bataan de l’US Navy, le navire de débarquement l' USS Carter Hall et la 26ème unité expéditionnaire de l’US Marines Corps sont arrivés au Moyen-Orient le 6 août en ayant traversé la veille le canal de Suez.

Ce déploiement a lieu dans le cadre de la montée des tensions dans la région du détroit d’Ormuz suite à de nombreux incidents provoqués par Téhéran sous prétexte que des navires de commerce ont violé des règles de sécurité maritime.

L’arrivée de ce corps expéditionnaire vient renforcer la Vème Flotte US. Le général Ryder a a ajouté : « comme nous le faisons depuis très longtemps, nous nous coordonnons avec nos partenaires dans la région en ce qui concerne la présence militaire américaine car, encore une fois, ce n’est pas seulement l’armée américaine qui patrouille les voies de navigation commerciales. Nous travaillons dans le cadre d’une coalition plus large …  ».

L’USS Bataan peut transporter plus d’une vingtaine  d’aéronefs à voilure tournante et à voilure fixe. Selon la mission, cela peut inclure des aéronefs à rotor basculant MV-22 Osprey et six avions d’attaque AV-8B Harrier II (qui devraient être remplacés à terme par six F-35B Lightning II) en plus de plusieurs péniches de débarquement. Son équipage est de 1.200 marins. Environ 2.000 Marines peuvent y embarquer.

L’ USS Carter Hall peut aussi mettre en œuvre divers aéronefs à voilure tournante, des véhicules tactiques et des péniches de débarquement. Son équipage avoisine les 420 marins et il peut accueillir jusqu’à 500 Marines.

Dans le cadre du renforcement de la sécurité des eaux du détroit d’Ormuz, Washington propose également de mettre des gardes armés sur les navires commerciaux transitant par la région qui en feraient la demande.

Il est également question d’envoyer en renfort des avions de combat F-35 et F-16 supplémentaires sur les différentes bases américaines qui constellent la région (voir carte ci-après).

Derniers incidents sur zone

L’US Navy s’était opposé le 5 juillet à la saisie par l’Iran de deux navires pétroliers dans les eaux internationales au large d’Oman.

De son côté, l’Iran avait affirmé que ses forces avaient tenté d’intercepter un pétrolier car il était entré en collision avec un navire iranien mais ne faisant pas mention de l’intervention américaine.

Navcent – le commandement central de l’US Navy – avait publié le communiqué suivant : « [le 5 juillet] à 01h00 heure locale, un vaisseau iranien s’est approché du pétrolier TRF Moss, battant pavillon des îles Marshall dans les eaux internationales du golfe d’Oman. Le vaisseau iranien a quitté les lieux quand le destroyer USS McFaul de l’US Navy est arrivé sur place ». Un drone MQ-9 Reaper et un avion P-8 Poseidon de patrouille maritime avaient également participé à cette action.

Navcent a ajouté que l’US Navy avait ensuite reçu un appel de détresse du pétrolier Richmond Voyager battant pavillon panaméen, après qu’un autre navire iranien se soit approché à moins d’un mille lui intimant de s’arrêter.

L’USS McFaul s’est alors dirigé «à pleine vitesse» vers le Richmond Voyager. Avant son arrivée sur place, les forces iraniennes avaient ouvert le feu à plusieurs reprises à l’arme légère et lourde sur le pétrolier sans faire de victimes ou de dégâts conséquents.

Comme cela s’était produit dans le cas du TRF Moss, le navire iranien est parti lorsque l’USS McFaul est arrivé sur les lieux.

Selon Centcom, depuis 2021  l’Iran a attaqué ou saisi une vingtaine de navires marchands. Le général Ryder a précisé que la présence accrue des États-Unis au Moyen-Orient visait à aider les partenaires de la région à maintenir ouvertes d’importantes voies de navigation, comme dans le détroit d’Ormuz, qui est un point d’étranglement entre la mer d’Oman et le golfe Persique.

La réponse de Téhéran

L’agence de presse d’État IRNA a déclaré avoir augmenté ne nombre d’armes embarquées sur la flottille des Gardiens de la Révolution. Cela comprendrait « divers types de drones… et plusieurs centaines de missiles de croisière et balistiques d’une portée de 300 à 1 000 km qui font partie des systèmes et équipements qui ont été ajoutés aux capacités des Gardiens ».

L’amiral Alireza Tangsiri, le chef de la composante maritime des pasdarans a déclaré à la télévision d’État que de nouveaux missiles avaient été déployés et qu’ils avaient une meilleure précision ainsi qu’une plus longue portée : « les missiles de croisière peuvent attaquer plusieurs cibles simultanément et les instructions peuvent être modifiées après leur lancement ».

Il présentait le missile mer-mer ou sol-mer « Abou-Mahdi al-Muhandis » qui est connu depuis août 2020. Ce ne serait que la copie de son homologue sol-sol « Hoveyzeh » dévoilé en 2019.

Les deux partis montrent leurs muscles mais il y a peu de chance dans un avenir proche que cela ne dépasse le cas d’un incident ponctuel – toujours possible -.

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Texte

Alain Rodier