La Corée du Nord a tiré un Missile Balistique Inter Continental ICBM Hwasong-18 le 12 juillet 2023. Le vol a duré près d’une heure quinze minutes. Le missile a parcouru une distance de 1 001,2 kilomètres après avoir atteint une apogée de 6 648,4 kilomètres.

Le Hwasong-18 (Hwasongpho-18) est un missile balistique intercontinental à combustible solide à trois étages.

Il s’agit du premier ICBM à combustible solide développé par la Corée du Nord. Il a été dévoilé pour la première fois lors du défilé du 8 février 2023 commémorant le 75ème anniversaire de la fondation de l’armée populaire coréenne.

Son premier vol a eu lieu le 13 avril 2023. Le premier étage avait alors suivi une trajectoire standard optimisée pour atteindre la portée maximale, mais les deuxième et troisième étages ont adopté une trajectoire beaucoup plus verticale. Le Japon a émis une « alarme au missile » car lors de la combustion du premier étage, il est apparu que le missile pouvait survoler le pays.

Le projet daterait de 2020 étant inclus dans le plan quinquennal de développement des armements nord-coréens.

Un essai d’un gros moteur à propergol solide avait  été effectué au sol le 15 décembre 2022.

A la différence de leurs homologues à carburant liquide, ces missiles à carburant solide sont éjectés de leur lanceur avant que le moteur ne s’allume de manière à protéger le lanceur des dommages causés par le panache d’échappement.

Et surtout, la grande différence est opérationnelle. Un missile à combustible liquide doit « faire le plein » juste avant son lancement. En effet, ce propergol est très volatil et ne peut être conservé longtemps dans le réservoir du missile. Le remplissage nécessite une logistique importante (particulièrement les camions citernes) et surtout quelques heures. Cela permet à l’adversaire de détecter cette « préparation au tir » et d’effectuer une frappe préventive sur une cible « hautement inflammable et explosive ».

Un missile à combustible solide peut au contraire être comparé à une « batterie d’artillerie mobile », ce qui octroie une grande flexibilité au lanceur qui peut être chargé en permanence. En revanche, ces derniers doivent être bien entreposés et entretenus.

Pour le ministère de la Défense sud-coréen, l’essai du 13 juillet n’était qu’un test préliminaire et le développement du « Hwasong-18 prendrait plus de temps et d’efforts  […] Pyongyang doit encore faire face à des obstacles techniques et à des contraintes en matière de ressources pour pouvoir effectivement déployer les missiles dont il parle dans les médias officiels ».

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a affirmé que le Hwasong-18 allait « radicalement renforcer » les capacités de contre-attaque nucléaire de son pays. Il n’est pas à exclure que la sécurité régionale s’en trouve bouleversée.

Le plan d’auto-défense sud-coréen repose sur le système « Kill Chain » qui permet à Séoul de mener des frappes préventives en cas d’indices d’attaques imminentes du Nord. Le Hwasong-18, avec son combustible solide, serait alors plus difficile à détecter car il peut être mis en œuvre sans préavis.

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Texte

Alain Rodier