Depuis l’invasion de la Crimée en 2014 et surtout depuis celle de la partie Est de l’Ukraine en février 2022, la Russie perd progressivement tous ses partenaires économiques occidentaux ainsi que ceux du Japon et de Corée du Sud qui appliquent des sanctions strictes. Elle se tourne donc vers de nouveaux clients et fournisseurs pour maintenir son économie à flots.
La Chine
L’Europe fermant ses portes aux hydrocarbures russes, le basculement vers l’Asie s’accélère. La Chine a ainsi augmenté ses importations de pétrole de 60% en 2022 faisant de la Russie son deuxième fournisseur. Dans d’autres domaines, les minerais, les produits agricoles affluent sans oublier le gaz dont les flux devraient considérablement augmenter dans les années qui viennent. Ainsi, le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint le niveau record de 172 milliards de dollars en 2022. Selon les autorités chinoises, cela représente une augmentation de 32% en un an.
L’Inde
Mais, il est moins fait état de l’Inde – qui n’a pas condamné l’invasion Russe de l’Ukraine à l’ONU – qui est passée de la quatrième à la deuxième place des clients de la Russie. A la différence de la Chine, l’Inde ne touche pas géographiquement la Russie. Il convient donc d’emprunter les voies maritimes puis terrestres pour échanger les marchandises. L’Iran joue un rôle important dans ces flux (voir carte).
L’Iran
L’Iran et la Russie sont considérés comme des parias par les pays occidentaux. Ils s’unissent pour faire front commun malgré toutes les divergences historiques qui les séparent. De plus les deux pays se livrent déjà à une grande concurrence pour les exportations de pétrole vers le marché asiatique. C’est donc une alliance de circonstance qui est rendue obligatoire pour les deux régimes s’ils veulent survivre.
Sur le plan économique, les échanges bilatéraux restent modestes puisque le chiffre de dix milliards de dollars annuels souhaité par Téhéran est loin d’être atteint. Toutefois, les deux pays viennent d’annoncer la signature de contrats portant sur de nouvelles marchandises dont des turbines, des polymères, des produits médicaux et des pièces de rechange pour automobiles.
La Russie fournit également à l’Iran du combustible nucléaire et des pièces pour le réacteur de Bushehr. La coopération dans le domaine de l’aéronautique – civile et militaire – devrait également augmenter.
Sur le plan logistique, les bateaux navigant sur le Don et la Volga ont traditionnellement convoyé des produits agricoles et énergétiques – l’Iran est le troisième importateur de grains de la Russie – mais les distances praticables devraient être considérablement accrues par des travaux titanesque entrepris.
Iran, carrefour de communications vers la Russie
L’Iran joue aussi de sa position géographique pour devenir un carrefour de communications vers la Russie.
Les deux pays sont en train de construire un nouveau corridor de communications économiques qui s’étend sur plus de 3.000 kilomètres depuis l’Océan Indien jusqu’aux limites orientales de l’Europe.
Ils dépensent des milliards de dollars pour permettre à des navires fluviaux (pour la Russie) et à des trains (surtout pour l’Iran) d’acheminer des marchandises depuis Bombay (Mumbaï) en Inde passant par Téhéran pour ensuite rejoindre Moscou et St-Petersburg. Bien sûr, ce corridor doit servir dans les deux sens.
Le passage par l’Iran économise des centaines de kilomètres par rapport à la seconde route qui emprunte le canal de Suez pour rejoindre la Mer d’Azov (voir carte). Sur cet axe, la Russie est en train de rendre praticable un canal de navigation qui devrait relier la Mer d’Azov à la Volga.
Pour la Russie, il reste bien la troisième route maritime qui passe par le détroit de Gibraltar (voir carte) mais le voyage prend environ quarante jours et le risque de blocus par les marines occidentales est possible. Les deux premières routes sont donc privilégiées pour leur « sécurité ».
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