Deux frères suédois, dont l'un a occupé des postes au sein du service de renseignement Säpo puis de l’armée vont être jugés pour «espionnage aggravé» au profit du GRU, le service de renseignement militaire russe entre 2011 et 2021. Leur famille avait émigré d’Iran en 1985.
Selon le procureur Per Lindqvist chargé de l’affaire : « les renseignements qui ont été obtenus, transmis et divulgués pourraient (…), entre les mains d’une puissance étrangère, nuire à la sécurité de la Suède ».
Peyman Kia et, âgés respectivement de 42 et 35 ans ont été arrêtés en septembre et novembre 2021 pour espionnage au profit d’une puissance étrangère. Longtemps, étant donnée leur origine iranienne, ce sont les services de Téhéran qui ont été soupçonnés. Les autorités suédoises affirment maintenant que l’affaire relevait du GRU. Depuis, ils sont en détention préventive.
Selon les médias suédois, les deux hommes nient les accusations et l’accusation ne présente que peu d’éléments à charge par mesure de discrétion (en dehors d’un gadget).
Peyman, l’aîné qui a occupé plusieurs postes sensibles est également inculpé pour accès non-autorité à des informations classées secrètes. Payam aurait surtout servi d’agent de liaison avec le GRU et aurait tenté de faire disparaître un disque dur d’un ordinateur appartenant à son frère. Les enquêteur l’ont retrouvé dans une poubelle et l’ont exploité.
Selon l’acte d’accusation : « l’obtention des renseignements a eu lieu dans le cadre de son travail […] en partie à Säpo et en partie dans l’armée». Il précise que les renseignements qu’ils sont accusés d’avoir transmis « proviennent de plusieurs autorités au sein du service suédois de sécurité et de renseignement ».
Les autorités étaient convaincues qu’il y avait une taupe au sein du renseignement suédois – vraisemblablement informées par un service étranger qui se serait rendu compte de « fuites » inexpliquées -. Une enquête ratissant très large a débuté mais les soupçons portant sur Peyman Kia n’ont débuté qu’en janvier 2017. Il était alors employé comme responsable de la sécurité auprès de la « Swedish Food Agency ». Les enquêteurs ont pénétré ses ordinateurs, ses téléphones portables et ses comptes bancaires, en particulier concernant des échanges en liquide et en or. Cependant, aucune preuve tangible ne permettait de l’inculper. Il a fallu attendre quatre ans pour trouver assez de matière pour l’arrêter le 20 septembre 2021. Il a alors été découvert qu’il avait eu accès, sans autorisation à de nombreux fichiers classifiés et à la liste complète des officiers du Sapö.
Dans cette affaire, les Suédois semblent avoir fait preuve d’une certaine « légèreté » dans la surveillance sécuritaire de leurs officiers des services de renseignement. Il semble en effet que Peyman Kia a eu accès à des fichiers pour lesquels il n’était pas (ou plus) habilité sans que personne ne s’en émeuve.
Ensuite, le Droit suédois étant très protecteur pour ses citoyens (ce qui, au fond, est une excellente chose), il n’a pas été possible de l’arrêter tant que des preuves formelles et concordantes n’avaient pas trouvées.
Si les services militaire de renseignement russes sont impliqués, aucune identification des Officiers trainants (OT) en cause n’a été divulguée.
Concernant les premiers soupçons de travail au profit de l’Iran, rien n’est impossible. Le cas de taupes travaillant pour plusieurs commanditaires n’a rien d’exceptionnel.
La Suède a connu deux affaires de la même importance, mais du temps de la Guerre froide : la trahison de Stig Bergling et de Stig Wennerström.
Dans ce pays, l’espionnage aggravé est passible de la prison à perpétuité.
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