La fourniture de drones iraniens à la Russie pour conduire l’« opération spéciale » en Ukraine n’est plus un secret pour personne(1). Toutefois, de nouveaux éléments intéressants se font jour.

Ainsi, en paiement des services rendus, un gros porteur russe Ilyushin IL-76 Candid a discrètement convoyé le 20 août vers l’Iran 141 millions de dollars en cash et, plus intéressant encore, un lance missiles anti-char britannique NLAW, un Javelin US et un missile anti-aérien portable Stinger.

Ces armes avaient été fournies aux forces ukrainiennes dans le cadre de l’assistance apportée à Kiev par l’OTAN. Elles ont été récupérées par le corps expéditionnaire russe.
Il est vraisemblable que le complexe militaro-industriel va en profiter pour désosser ces armements pour ensuite en produire des copies. En décembre 2011, Téhéran avait déjà récupéré un drone de surveillance Sentinel RQ-17. Un an plus tard, les Iraniens avaient présenté un engin très similaire.
Il n’est pas certain que les systèmes d’armes complets aient été livrés, notamment pour le Javelin.

Téhéran aurait fourni à Moscou un peu plus de 160 drones dont une centaine de Shahed-136, 60 Shahed-131 plus légers et six Mohajer-6 qui sont des drones armés et pas « suicide ». Il semble que ces armements parviennent de deux manières en Russie : soit ils sont déjà opérationnels, soit ils arrivent en plusieurs fardeaux qu’il convient ensuite d’assembler. Cela permet à Moscou de prétendre qu’il s’agit d’armes russes – des améliorations étant d’ailleurs apportées sur les versions originales -. Initialement, les servants et les techniciens russes auraient été formés par des pasdarans iraniens, en particulier sur des camps de manœuvres biélorusses.

Devant l’efficacité rencontrée par ces armements en Ukraine, Moscou aurait passé une nouvelle commande pour 201 millions de dollars.
Nikolaï Platonovitch Patrouchev, le secrétaire général du conseil suprême de sécurité russe a effectué un déplacement à Téhéran le 9 novembre. Téhéran s’est officiellement proposé comme intermédiaire pour qu’un cessez-le-feu soit décrété. Mais derrière ce rideau diplomatique, des sujets plus prosaïques ont vraisemblablement été abordés comme la vente de missiles sol-sol.

DERNIÈRE MINUTE : Comme de nombreux observateurs s’y attendaient, l’ordre aurait été donné aux troupes russes d’évacuer la région de Kherson pour se replier « sur des positions préparées à l’avance » à l’est du Dniepr. Si, sur un plan strictement militaire, ce n’est qu’un retrait en bon ordre (de plus), c’est un nouveau camouflet pour Vladimir Poutine qui aura du mal à se cacher derrière l’incompétence de ses généraux.

1. Voir : « À propos des drones iraniens employés par la Russie » du 21 octobre 2022.

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Texte

Alain Rodier

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