Le 3 octobre 2022, des émeutes sanglantes se sont déroulées dans le pénitencier de Cotopaxi en périphérie de la ville de Latagunda en Équateur.
Les restes d’un « médiateur » ont été retrouvés parmi les seize détenus tués (le chiffre pourrait augmenter car, selon l’Administration pénitentiaire équatorienne (SNAI), deux des 21 blessés sont dans un état critique). La prison accueille 4.300 détenus.
Le ministre de l’intérieur, Juan Zapatao, a annoncé le massacre d’un détenu qui avait tenté de jouer les « médiateurs » entre les bandes rivales qui s’affrontaient pour le contrôle de parties de l’établissement pénitentiaire. Selon le ministre, Leandro Antonio Norero n’a pu être identifié que grâce aux différents tatouages qu’il portait sur le corps. Il est effectivement coutume lors des émeutes survenant dans les prisons latino-américaine de dépecer les corps…
De nouveaux heurts seraient en cours dans cette même prison le 5 septembre. 600 militaires ont été dépêchés en renfort pour tenter de contrôler à situation…
Les deux principaux gangs qui se sont affrontés sont « Los Fatales » de José Macias alias « Fito » et « Los Aguilas » de Junior Roldán alias « JR ».
Leandro Antonio Norero Tigua alias « El Patrón » n’est pas un inconnu. Cet homme de 35 ans qui était un des plus important trafiquant de drogue équatorien, avait été recherché par la justice péruvienne pour ses différentes activités criminelles commises dans ce pays. Il avait réussi à se faire passer pour mort en 2020 – des proches présentant des photos de son « cadavre » –. Cela lui avait permis d’échapper aux poursuites au Pérou mais aussi de voir son nom disparaître de la liste des personnes recherchées par Interpol.
En Équateur, selon la Police nationale, Norero aurait été le trésorier de trois bandes criminelles : « Los Lobos », « Los Tigurones » et les « Tueurs Chone ». Ces trois gangs sont opposés au cartel criminel le plus important du pays, « Los Choneros ».
Norero aurait également été en contacts avec le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG), l’organisation criminelle mexicaine la plus puissante d’Amérique latine.
Il finit tout de même par être capturé le 25 mai 2022 à Samborondón dans la province du Guayas en Équateur. Il en possession de lingots d’or, de la somme de sept millions de dollars en liquide et d’armes à feu et de munitions de différents calibres.
Norero a comparu en audience préliminaire le 12 septembre devant un tribunal pour accusations de blanchiment d’argent sale.
Il a y dix ans, il était apparu sur des photographies prises en compagnie de personnalités politiques dont le président Rafael Correa (2007-2017) et de policiers. Il négociait alors pour le gang latino-américain « Ñetas » un processus de pacification entre les différentes organisations criminelles locales. À noter que Correa, poursuivi par la justice de son pays pour de nombreuses charges (dont celle de corruption), a obtenu le statut de réfugié politique en Belgique en 2018.
En 2021, Norero avait été condamné à mort dans une vidéo diffusée par la bande « Los Fantasmas » qui serait en fait une émanation de « Los Choneros ».
Cette dernière tuerie fait suite à d’autres massacres qui ont causé la mort d’environ 500 détenus dans les prisons équatoriennes depuis 2020. La plus importante a eu lieu le 28 septembre 2021 dans le pénitencier du Littoral (Guayas) faisant 125 victimes parmi les détenus. Pour mémoire, il y a 36 prisons en Équateur qui accueillent 39.000 détenus (pour 30.000 places).
L’Équateur sert de point de départ pour les expéditions de cocaïne provenant de Colombie et du Pérou voisins. Ce pays de 17,7 millions d’habitants a enregistré en 2021 un taux de 14 meurtres pour 100.000 habitants, soit près du double de celui de 2020.
1. Voir : « Équateur – émeute dans une prison : 116 morts, 80 blessés » du 1er octobre 2021.
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