De violents affrontements ont eu lieu les 12 et 13 septembre à la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Les deux parties se sont renvoyé la responsabilité du déclanchement des hostilités. Bakou a déclaré le 13 septembre avoir « rempli tous ses objectifs » à la frontière avec l'Arménie dans les combats les plus violents depuis la guerre entre les deux pays en 2020.
En effet, cette escalade a fait, selon le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, au moins 49 tués parmi les militaires arméniens. L’Azerbaïdjan compterait une cinquantaines de morts. Pour la première fois depuis la fin de la guerre de 2020, l’Azerbaïdjan aurait bombardé des défenses anti-aériennes et des positions d’artillerie en territoire arménien et pas uniquement au Haut-Karabakh. Les drones Bayraktar TB2 achetés par l’Azerbaïdjan à la Turquie ont été engagés dans ces opérations comme lors de la guerre de 2020.
Cette éruption de violences intervient alors que Moscou, qui a déployé une force de maintien de la paix de 2.000 hommes dans la région après la guerre de 2020 (en plus de la garnison de 3.000 militaire de la 102è base militaire installée à demeure) est occupée par les revers rencontrés actuellement en Ukraine. La 102è base militaire est implantée à Gyumri dans le nord du pays(1). Cette dernière a déployé en 2021 deux « positions d’appui » dans la région de Syunik, au sud du pays. Or, c’est dans cette zone que des bombardements azéris viennent d’avoir lieu…
Historique
L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont deux ex-républiques soviétiques du Caucase. Elles se sont affrontées lors de deux guerres au cours des trente dernières années pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh (la République d’Artsakh non reconnue par la communauté internationale).
Après une première guerre qui a fait plus de 30.000 morts juste après l’éclatement de l’URSS en 1990 qui a vu la victoire de l’Arménie qui s’est emparé du Haut-Karabakh avec le soutien discret de l’Iran, les deux pays se sont affrontés à nouveau à l’automne 2020, l’Azerbaïdjan tenant de reprendre cette région montagneuse. Cette guerre a fait plus de 6.500 tués et l’Arménie a perdu une partie du Haut-Karabakh dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu négocié par Moscou, qui a déployé des soldats de maintien de la paix sur zone. Une force d’interposition de 2000 Russes s’est déployée le long de la ligne de contact et dans le corridor de Latchin qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie afin de prévenir toute reprise des combats dans ces secteurs. Et il était question de construire, via la région de Suynik, un corridor reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, une république autonome azérie.
Les relations entre Erevan et Bakou sont restées très tendues, des accrochages ayant régulièrement lieu entre leurs forces armées respectives dont le dernier s’est produit le 3 août(2).
Réaction internationales
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a appelé la communauté internationale à réagir.
L’Union européenne a réclamé l’arrêt des combats et annoncé que le président du Conseil européen, Charles Michel, qui dirige une médiation entre Erevan et Bakou, allait prendre langue avec les deux belligérants. Mais il a certainement à l’esprit les fournitures de gaz azéri à l’Europe pour pallier les manques russes.
En effet, à la mi-juillet, la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue en Azerbaïdjan où elle a signé un accord avec le président Ilham Aliyev qui devrait accroître les importations de l’UE de gaz azéri de 8 milliards de m3 cette année à 12 milliards de m3 en 2023 pour atteindre 20 milliards de m3 en 2027. Elle a qualifié l’Azerbaïdjan de « partenaire fiable et digne de confiance »…
Les États-Unis se sont dit « extrêmement inquiets », appelant à une cessation immédiate des hostilités. Cela dit, cette région est pour le moment hors de leurs zones d’intérêts privilégiées. Le président Macron a déclaré que « la France portera la situation devant le Conseil de sécurité des Nations unies, dont elle assure actuellement la présidence […] le « président Macron continue d’appeler à un strict respect du cessez-le-feu et au respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie ».
L’Arménie souhaite aussi se tourner vers l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) (3) dont elle est membre afin d’obtenir une aide militaire au titre d’une clause de défense collective. Toutefois, cela n’a pas fonctionné lors de la guerre de 2020.
1. Une brigade de fusiliers motorisée à trois régiments motorisés et un blindé ; le 988è régiment de défense anti-aérienne armé de S-300 et de S-125 ; la 3624è base d’aviation qui accueille des chasseurs multirôle Mig-29/SU/UB, Su-30SM, les hélicoptères Mi-8 et Mi-24.
2. Voir : « Le conflit au Haut-Karabakh se réveille ? » du 4 août 2022.
3. Elle regroupe la Russie, le Tadjikistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Biélorussie et l’Arménie.
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