Le 3 août, le ministère azéri de la Défense annonce la mort d'un de ses militaires après des « tirs nourris » ayant ciblé une de ses positions de dans le district de Latchin, la zone tampon entre la frontière arménienne et l’enclave du Haut-Karabakh.

En représailles, l’Azerbaïdjan a lancé une opération baptisée « Vengeance ». Selon le ministère de la Défense, « plusieurs positions de combat d’éléments armés arméniens illégaux ont été détruites […] le contrôle a été établi sur plusieurs hauteurs importantes ». Il a ajouté que ses forces étaient en train de renforcer leurs positions.

Les autorités arméniennes de l’enclave ont déclaré pour leur part que deux membres des forces séparatistes auraient été tués et 14 autres blessés dans une frappe de drone azéri dénonçant là une « violation flagrante du cessez-le-feu ». Arayik Haroutiounian, le dirigeant des séparatistes du Haut-Karabakh, a aussitôt signé un décret proclamant une mobilisation militaire partielle sur son territoire.

Le ministère russe de la défense a déclaré : « Dans la zone de Saribaba, le régime de cessez-le-feu a été violé par les forces armées de l’Azerbaïdjan. Il a souhaité que : « le commandement de la force russe de maintien de la paix, avec des représentants de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie, prenne des mesures pour stabiliser la situation ».

L’Union européenne par la voix de Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, a appelé à la « cessation immédiate des hostilités » et il a ajouté : « Il est essentiel de désamorcer, de respecter pleinement le cessez-le-feu et de revenir à la table des négociations pour rechercher des solutions négociées ».

Erevan a demandé à la communauté internationale de « prendre des mesures pour arrêter l’attitude et les actions agressives de l’Azerbaïdjan et d’actionner les mécanismes nécessaires pour ce faire ».

Historique
Après l’effondrement de l’URSS, une première guerre avaient opposé les deux anciennes provinces devenues républiques, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Elle avait fait plus de 30 000 morts et s’était terminée à l’avantage d’Erevan qui avait complètement annexé le Haut-Karabakh.
Les deux pays se sont de nouveau affrontés à la fin 2020 toujours pour le contrôle de l’enclave. Plus de 6 500 personnes ont été tuées dans cette nouvelle guerre cette fois perdue par l’Arménie.
Moscou qui a un contingent sur le territoire arménien a déployé des soldats de maintien de la paix et a conduit des négociations qui ont amené Erevan à céder d’importants territoires de l’enclave à l’Azerbaïdjan. Ce cessez-le-feu a été considéré comme une humiliation en Arménie et depuis, plusieurs partis d’opposition, réclament la démission du Premier ministre Nikol Pachinian.

Les incidents surviennent très souvent sur zone(1) et peuvent dégénérer à tout moment. Cela dit, comme d’habitude, le « jeu » dépasse les intérêts de ces deux pays. Il convient de suivre la politique d’influence qui est derrière chaque État :
. pour l’Arménie, la Russie et l’Iran ;
. pour l’Azerbaïdjan, la Turquie et, plus discrètement tous les pays qui ont besoin de son gaz et même un peu la Russie qui est aussi présente à Bakou.
Les États-Unis, bien occupés par ailleurs, laissent faire pour le moment.

1. Voir : « Arménie – Azerbaïdjan : on est passé à côté de la catastrophe » du 19 novembre 2021.

Publié le

Texte

Alain Rodier

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