Le 8 novembre, un défilé militaire célébrant le troisième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre du Karabakh (27 septembre – 10 novembre 2020) a eu lieu dans la ville de Khankendi, nom azéri de la ville de Stepanakert, l’ancienne capitale de la république d'Artsakh (région du Haut Karabagh).

Après l’offensive éclair des forces azéries le 19 septembre 2023, la quasi-totalité de la population arménienne a abandonné la ville pour se réfugier en Arménie.

Le président azéri, commandant en chef des forces armées de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev a assisté à cette cérémonie militaire..

Le défilé était commandé par  le premier vice-ministre de la Défense – chef d’état-major général de l’armée azérie, le colonel-général Karim Valiyev.

Le ministre de la Défense, le colonel-général Hasanov, a présenté la cérémonie au président Ilham Aliyev. Ensuite, les troupes ayant participé à la deuxième guerre du Haut-Karabagh ont défilé à pied.

Des prises de guerre dont un char de bataille ont également fait partie du défilé.

À l’automne 2020, une guerre de 44 jours a eu lieu entre l’Azerbaidjan et l’Arménie. Elle s’est terminée le 10 novembre 2020 avec la signature d’un accord trilatéral impliquant les dirigeants d’Azerbaïdjan, d’Arménie et de Russie.

À la suite de cette guerre, sept districts adjacents, ainsi que faisant partie de l’ancienne région autonome du Haut-Karabagh, dont la ville de Chouchi, ont été replacés sous l’autorité de Bakou.

La date du retour de Chouchi à l’Azerbaïdjan, le 8 novembre 2020, a été proclamée « Jour de la Victoire ».

Le premier « défilé de la victoire » s’est tenu à Bakou en décembre 2020.

Les Arméniens sont profondément frustrés d’avoir dû rendre des territoires qu’ils considéraient comme leur appartenant historiquement. Ils les avaient conquis de haute lutte lors de la première guerre (1988-1994) qui avait fait des milliers de victimes et provoqué l’exode des populations Azéries vers l’est du pays.

Le nouveau point de friction qui pourra réenclencher les hostilités dans les années à venir est la volonté de Bakou d’établir le corridor de « Zangezur » (1) qui reliera l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan ouvrant un pont entre la Turquie et les pays turcique plus à l’est. Ce corridor se trouve en territoire arménien ce qui est inacceptable en l’état par Erevan mais aussi par l’Iran qui souhaite maintenir son accès vers le nord (donc la Russie) via l’Arménie, pays que Téhéran soutient depuis l’effondrement de l’URSS.

À noter que le deuxième intérêt de Téhéran est d’empêcher l’Azerbaïdjan de devenir trop prospère (grâce à ses richesses en hydrocarbures de la Caspienne), ce qui pourrait donner des idées de séparatisme aux populations azéries vivant dans le nord de l’Iran.

De son côté, Bakou est naturellement fortement soutenu par Ankara qui y voit son intérêt politico-économique tourné vers les pays turciques (2) mais aussi par Israël qui y voit le moyen de surveiller et d’affaiblir la République Islamique d’Iran.

 

1. Voir : « Azerbaïdjan – Arménie – Kurdistan irakien : un problème international » du 7 septembre 2023.

2. L’Organisation des États turciques est une organisation internationale regroupant les pays de langue turcique. Elle est fondée en tant que Conseil turcique le 3 octobre 2009 à Nakhitchevan (Azerbaïdjan) par l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Turquie. La Hongrie en devient « État observateur » en 2018. Lors du 8e sommet qui s’est tenu à Istanbul le 12 novembre 2021, le Conseil turcique a pris le nom d’ « Organisation des États turciques ». À cette occasion, l’Ouzbékistan rejoint l’organisation et le Turkménistan en est devenu « État observateur » avant de devenir membre en 2022.

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Texte

Alain Rodier