Un an après La fin de la guerre arméno-azérie, l’alerte a été chaude. Sur fond de revendications territoriales concernant le Haut-Karabakh, les hostilités avec l’Azerbaïdjan ont failli dégénérer.

Pour rappel, le 10 novembre 2020, un cessez-le-feu avait mis fin à une guerre de trois mois qui avait causé quelques 6.500 morts de part et d’autre. Les deux camps ont depuis continué à se harceler sur la ligne de front et sur le plan médiatique.

Le 17 novembre 2021, des combats ont tué sept soldats azéris (dix autres ont été blessés). La veille, l’Arménie faisait état d’un soldat tué, de treize faits prisonniers et de vingt-quatre autres portés disparus. Le ministère de la Défense arménien a fait savoir qu’ « avec la médiation de la partie russe [qui joue les forces d’interposition depuis novembre 2020], un accord a été trouvé pour mettre fin aux tirs à la frontière orientale de l’Arménie ».

Forces militaires

Au mois d’août 2021, Erevan a signé avec Moscou un accord de coopération militaire afin de considérablement moderniser son armée. Le secrétaire du Conseil de sécurité arménien, Armen Grigorian, a déclaré à cette occasion : « Depuis novembre 2020, nous avons reçu des armes de la Russie pour la modernisation et le réapprovisionnement de notre arsenal ». Le ministre arménien de la Défense, Arshak Karapetyan a déclaré depuis Moscou en août recevoir de nouvelles armes « de haute qualité » en lieu et place d’équipements désuets.

Selon le Global Fire Power (GFP) 2021, lors de la guerre déclenchée contre l’Arménie en 2020, l’Azerbaïdjan, qui se fournit pour partie aussi en armements auprès de Moscou, possédait 145 avions de combat, une centaine d’hélicoptères (dont 17 d’attaque) et une vingtaine de drones (acquis auprès de la Turquie et d’Israël). Tous ces armements lui ont assuré la supériorité aérienne totale.

Au sol (sur le papier), Bakou alignait 1.450 véhicules blindés (contre 7500 pour l’Arménie) et 1.000 chars (contre 210), selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. Bien sûr, tous ces chiffres sont à relativiser, le taux de maintenance opérationnelle pouvant diminuer considérablement la flotte des armements disponibles.

Plus globalement, la situation est totalement déséquilibrée.
Tout d’abord, au plan démographique : il a y un peu plus de trois millions d’habitants en Arménie contre dix millions en Azerbaïdjan. Dans ce dernier pays, 125.000 hommes et femmes servent sous les drapeaux auxquels il convient de rajouter plus 15.000 paramilitaires et une réserve théoriquement mobilisable de 300.000 personnes(1).
L’Arménie compte 45.000 militaires en service, 4.300 paramilitaires et 210.000 réservistes. Toujours selon le GFP, le budget consacré à la défense par Bakou est de 2,3 milliards de dollars et celui d’Erevan de 635 millions de dollars. Il ne faut pas oublier que l’Azerbaïdjan est un pays riche grâce au gaz de la mer Caspienne.

Les appuis extérieurs

L’Arménie dispose bien du soutien régional de Téhéran et de Moscou, la Russie bénéficiant de bases permanentes sur zone. Membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), Moscou et Erevan ont signé un traité d’amitié, de coopération et de soutien mutuel le 29 août 1997. Garantes d’une « pax russica », ce sont d’ailleurs ces garnisons qui empêchent l’Azerbaïdjan de lancer une action d’envergure sur le territoire reconnu de l’Arménie. À ce propos, les géographes se disputent la réalité du tracé des frontières entre les deux pays ne se basant pas sur les mêmes cartes (rédigées à des époques différentes). Cela permet aux politiques des deux bords de développer des revendications qui s’appuient sur les cartes qui les arrangent.

Téhéran est surtout intéressé par la neutralisation de la puissance politique de l’Azerbaïdjan mais n’autorise pas tout à Erevan. Ainsi, Ali Akbar Velayati (conseiller aux affaires diplomatiques du Guide suprême de la révolution Ali Khamenei) avait demandé à l’Arménie via le journal iranien Kayhan de quitter les territoires qu’elle avait « occupé » illégalement.
Bakou est, de son côté, fermement soutenu par la Turquie, et plus indirectement par le Pakistan et Israël (2).

1. Mais l’Azerbaïdjan est doté d’une petite marine qui nécessite personnels et budget ce qui n’est pas le cas de l’Arménie qui est un pays enclavé.
2. Voir : « La paix forcée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » du 10 novembre 2020.

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Texte

Alain Rodier

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