La branche locale d’Al-Qaida « canal historique » en Somalie, les Shebabs, a mené deux attaques d’importance à Mogadiscio le 19 et le 20 août.
La première visait l’hôtel Hayat proche de l’aéroport international très fréquenté par les responsables politiques du pays le 19 août soir. Les terroristes étant pénétrés en force dans l’établissement et tirant dans toutes les directions. Deux explosions ont retenti, une première lors de l’assaut (vraisemblablement une voiture piégée), une seconde lorsque les secours sont arrivés sur place.
Les assaillants sont restés retranchés dans l’hôtel durant 30 heures. Les morts civils étaient estimés à 21. Tous les assaillants auraient été neutralisés mais leur chiffre n’a pas été communiqué.
Les shebabs ont revendiqué sur un site internet qui leur est favorable la responsabilité de l’attaque : « Un groupe d’assaillants shebabs est entré de force dans l’hôtel Hayat à Mogadiscio, les combattants procèdent à des tirs au hasard à l’intérieur de l’hôtel ».
Abdiaziz Abu-Musab, le porte-parole des shebabs a déclaré samedi sur leur station, Radio Andalus, que le groupe avait « infligé de lourdes pertes » aux forces de sécurité.
Le 20 août, une salve d’obus s’est abattue dans le quartier d’Hamar Jajab, situé en bord de mer, faisant 20 blessés dont des enfants. Selon le directeur du principal hôpital de Mogadiscio, au moins 40 personnes étaient soignées après avoir été blessées dans les deux attaques du week-end.
Le 17 août, le commandement militaire américain en Afrique (Africom) avait annoncé avoir tué le 14 août dans une frappe aérienne 13 terroristes shebabs qui s’attaquaient à des soldats des forces régulières somaliennes dans la région de Teedaan située à quelques 300 km au nord de Mogadiscio.
En mai, le président américain Joe Biden avait décidé de rétablir une présence militaire en Somalie pour y combattre les shebabs, approuvant une demande du Pentagone qui jugeait trop risqué et peu efficace le système de rotations décidé par Donald Trump à la fin de son mandat. Depuis, les frappes aériennes se sont intensifiées.
Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud élu en mai a déclaré le mois dernier qu’une approche militaire est insuffisante pour mettre un terme à l’insurrection violente des shebabs, soulignant que son gouvernement ne négocierait avec le groupe jihadiste que lorsque le moment sera jugé opportun.
Début août, le Premier ministre Hamza Abdi Barre a annoncé la nomination de Muktar Robow alias Abou Mansour, un ancien responsable shebab qui avait fait défection en août 2017 et qui était devenu homme politique comme ministre des Affaires religieuses.
Les shebabs ont été chassés des principales villes du pays, dont Mogadiscio, en 2011, mais ils restent implantés dans de vastes zones rurales. Ces dernières semaines, ils ont aussi mené des attaques sur la frontière entre la Somalie et l’Ethiopie(1) qui suscitent des inquiétudes quant à la stabilité dans cette région frontalière.
La Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (Atmis) qui aide les forces somaliennes à assurer la sécurité du pays jusqu’à la la fin de 2024 a exprimé sa solidarité avec Mogadiscio.
Le Département d’État américain a déclaré : « Nous exprimons nos sincères condoléances aux familles qui ont perdu des proches, souhaitons un rétablissement complet aux blessés et félicitons les forces de sécurité somaliennes ».
1. Voir : « ÉTHIOPIE : Incursion des shebabs » du 27 juillet 2022.
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