Tard dans la nuit de dimanche 2 à lundi 3 janvier, l’UKMTO (UK Maritime Trade Operations) a annoncé qu’un navire avait été attaqué en mer Rouge à une quarantaine de kilomètres du port de Ras Isa au Yémen (situé à 50 kilomètres au nord de Hodeida tenu par les rebelles houthis).

Il s’agit de la barge auto-déchargeante (self-dumping barge) Rwabee battant pavillon des Émirats arabes unis (EAU). Selon les documents officiels, ce navire venait du port saoudien de Jubail al Sinaiyah dans le golfe Persique et devait rejoindre Jizan au sud-ouest de l’Arabie saoudite à proximité de la frontière yéménite.

Selon le journal Gulf News, le Rwabee est un navire neuf de 68 mètres de long qui a été livré en 2021 à la société Khalid Faraj shipping basée aux EAU.

Le général Turki al-Maliki, le porte-parole saoudien de la coalition a déclaré : « le bateau nommé ‘Rawabi’ et battant pavillon des Émirats arabes unis a été piraté et kidnappé à 23 h 57 (20 h 57 GMT) dimanche, alors qu’il naviguait au large de la province de Hodeida ».

Selon l’agence officielle saoudienne SPA, ce navire aurait fait escale sur l’île de Socotra située au sud-est du Yémen. Il transportait du matériel destiné à un hôpital de campagne situé dans l’archipel et se dirigeait vers Jazan. Le général al-Maliki a ajouté : « la milice terroriste des Houthis porte l’entière responsabilité de cet acte criminel de piraterie » appelant les rebelles à « libérer immédiatement le navire […] sinon les forces de la coalition prendront toutes les mesures nécessaires pour faire face à cette violation ». Selon la coalition, la cargaison comprenait des ambulances, des équipements médicaux et de communication, des tentes, des cuisines de campagne et des blanchisseries, ainsi que des équipements de soutien technique et de sécurité.

Selon le porte-parole militaire des rebelles, Yahya Saree, le navire est « entré dans les eaux yéménites sans aucune autorisation » et « se livrait à des actes hostiles ». Le chef rebelle, Mohammed Abdelsalam de son côté a déclaré : « l’opération réussie et sans précédent s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’agression » de la coalition, dont les Émirats font partie. En réponse aux menaces de la coalition, Yahia Sarei, a prévenu : « Nous réitérons notre avertissement que nous avons des options adéquates pour répondre à l’escalade de l’agression. Nous le disons spécifiquement à l’ennemi des Émirats arabes unis ».

Selon les images diffusées par les rebelles sur leur chaîne d’information par satellite Al-Masirah, on peut voir des véhicules de couleur sable ne portant aucun marquage indiquant leur qualité médicale et des embarcations gonflables du type de celles employées par les forces spéciales. Sont aussi visibles à l’intérieur d’un container des fusils d’assaut et des chargeurs. Yahia Sarei a commenté : « il est tout à fait évident que l’information selon laquelle ce bateau transportait un hôpital de campagne civil n’est pas correcte […] il s’agit clairement d’équipements militaires ».

Cependant, la télévision d’État saoudienne a affirmé que les Houthis avaient transféré les armes sur le navire.

La guerre navale qui existe entre la coalition, les Houthis, l’Iran et Israël(1) se fait généralement de manière plus discrète. Sabotages de navires et des tirs de drone aériens ou marins sont relativement fréquents aux abords du Yémen. Pour leur part, les États-Unis ont désigné les Houthis comme « terroristes » au début de 2020 après une série d’attaques contre des pétroliers en mer Rouge.

Mais cette dernière action des Houthis est peut-être une réponse à la saisie le 20 décembre 2021 par un navire de la 5è Flotte américaine d’un bateau de pêche sans immatriculation provenant d’Iran qui avait plus de 1.000 fusils d’assaut à son bord. Les cinq « pêcheurs » sans papiers appréhendés ont prétendu être yéménites. Ils ont été renvoyés dans ce pays.

1. Voir « La guerre secrète navale Iran-Israël franchit un cap » du 2 août 2021.

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Texte

Alain Rodier

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