Le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG) développe une nouvelle stratégie pour conquérir la région mexicaine de Tierra Caliente qui s'étend sur les États de Guerrero, Mexico et du Michoacán au centre du pays. Ce groupe criminel qui est classé par Washington comme l’un des cinq les plus dangereux de la planète (et le premier sur le continent américain [1]) met en œuvre des drones et effectue des raids blindés pour terroriser les populations rurales afin de leur faire abandonner leurs terres.

Ces populations affolées fuient les campagnes désertant progressivement leurs terres. Le CJNG qui en devient le propriétaire officieux les utilise pour cultiver du pavot et de la coca mais aussi pour contrôler la circulation sur les axes routiers interdisant par là aux autres organisations criminelles de transporter leur « marchandise ».

Ce ne sont pas les forces de l’ordre qui opposent une grande résistance au CJNG mais les « Cartels Unis » qui regroupent plusieurs groupes dont la « Nouvelle Famille Michoacana », « los Viagras », les « Chevaliers Templiers » et le « cartel de Tepalcatepec » aussi appelé le « cartel del Abuelo (grand père) » d’après le surnom donné à son chef Juan José Álvarez Farias.

Ces structures se combattaient jusqu’à une période récente mais, devant les conquêtes qui semblent irrésistibles du CJNG, elles ont été contraintes à conclure une alliance défensive. Les régions d’Aguililla, de Coalcomán, et Tepalcatepec ont été particulièrement la scène d’affrontements violents pour le contrôle de la route de la drogue adjacente aux États de Jalisco et Colima. Pour sauver leur vie, les paysans trouvent refuge dans les grandes villes où, parfois, ils sont littéralement assiégés (surtout dans l’État du Michoacán).

D’autres migrent vers d’autres régions ou tentent d’entrer aux États-Unis comme demandeurs d’asile victimes d’une crise humanitaire de toute première importance.
L’évêque d’Apatzingán, Cristóbal Ascencio García, a ainsi affirmé : « ici dans le Michoacán, la guerre s’est d’abord étendue à Aguililla (ville conquise récemment par le CJNG) et maintenant à Tepalcatepec (localité assiégée) où les groupes criminels étranglent littéralement la populations ».

Les sicarios du CJNG ne s’embarrassent pas de moyens. Ainsi, cinq villageois qui tenaient un point de contrôle à l’entrée de la localité de Tepalcatepec ont disparu. Les familles ont été prévenues par l’intermédiaire des téléphones portables saisis par les sicarios qu’ils avaient été décapités, photos à l’appui !

Les autorités ne maîtrisent pas la situation sur le terrain depuis le déclenchement de la « guerre contre la drogue » en 2006 qui aurait causé la mort de 275.000 personnes. Elles parviennent encore à tenir les grandes villes mais ont abandonné les campagnes où les organisations criminelles font leur loi tout en se combattant les unes contre les autres avec une cruauté sans nom pour conquérir ou défendre des territoires. C’est le CJNG dirigé par Nemesio Ruben Oseguera Cervantes « El Mencho » (10 millions de dollars de récompense pèsent sur sa tête) et son groupe de choc surnommé « élite » qui ont actuellement l’initiative. Il est à craindre que la situation perdure dans l’avenir car toutes les solutions possibles ont été essayées sans succès par les gouvernements successifs.

1. Voir : « Le point sur les cartels mexicains » du 19 juillet 2021.

 

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Texte

Alain Rodier

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