Le dernier rapport du Gouvernement mexicain sur le crime organisé évalue à une quinzaine le nombre d’organisations criminelles actives dans le pays.

L’organisation criminelle transnationale mexicaine la plus puissante aujourd’hui serait le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG) notamment présent dans les États de Jalisco, Nayarit, Colima, Michoacán, Guanajuato, Mexico City, Guerrero et Veracruz.

Le CJNG est notamment spécialisé dans le trafic de drogues de synthèse grâce aux produits précurseurs reçus via les ports de Colima et du Michoacán qu’il contrôle.

Le CJNG s’oppose frontalement au Cartel de Sinaloa (voir ci-après) pour conquérir l’État de Zacatecas. Les villes de Guadalupe, Fresnillo, Jerez, Villanueva et Valparaíso sont durement touchées, le taux d’homicides ayant augmenté de 1.500% en quelques semaines et provoquant des exodes de populations qui tentent d’échapper à la barbarie des sicarios des deux camps. Depuis 2020, le CJNG est classé comme la troisième plus puissante organisation criminelle mondiale après les triades chinoises et les mafias russes. Sur tout le continent américain où les organisations criminelles transnationales sont nombreuses, le CJNG est « numéro un ».

Le Cartel de Sinaloa fondé en 1962 qui était le plus puissant du Mexique au début des années 2000 a dû abandonner sa position de leader mais il reste puissant dans les États de Sonora, Sinaloa, Basse-Californie, Basse-Californie du Sud, Durango et Coahuila. Son chef très populaire, Joaquin « El Chapo » Guzman, a été arrêté, extradé et jugé aux États-Unis en 2019. Il a été condamné à la perpétuité plus trente ans de prison…

Mais cela n’a que peu désorganisé le cartel. Son leader actuel, Ismael « El Mayo » Zambada García né en 1948, prépare sa succession mais est en conflit larvé avec les fils d’El Chapo. Tout dépendra de la manière dont la nouvelle direction du cartel se mettra en place.

L’influence du Cartel du Golfe (CdG), la plus ancienne organisation criminelle transnationale mexicaine née dans les années 1930, est aujourd’hui prépondérante dans les États de Zacatecas, Aguascalientes, San Luis Potosí et plus partiellement dans ceux de Nuevo León, Tamaulipas, Oaxaca, Chiapas, Quintana Roo et Veracruz.

Après avoir longtemps été le maître de la frontière avec le Texas, le Cartel du Golfe s’est fragmenté en plusieurs entités indépendantes entraînant de nombreuses guerres internes qui perdurent aujourd’hui. Depuis 2010, il s’oppose aux Zetas, son ancien bras armé formé à la base d’ex-militaires et policiers spécialisés dans la lutte anti-drogue !

Le Cartel des frères Beltrán Leyva est depuis les années 2010 éclaté entre une dizaine de gangs indépendants. Ils sont présents dans les États de Sinaloa, Sonora, Nayarit, Nuevo León, México City, Morelos, Querétaro, Oaxaca et Chiapas. Il n’est donc plus question d’une organisation unifiée mais leurs adversaires restent principalement le Cartel de Sinaloa (dont ils furent un allié au départ), le Cartel du Golfe et la Familia Michoacana (voir ci-après).

Les groupes criminels du Michoacán (comme les Caballeros Templarios qui s’opposent depuis des années à la Familia Michoacana dirigée par Hector Garcia, alias « El Player ») sont également actifs dans les États de Guerrero et de Mexico City.

Le Cartel de Juarez qui porte l’appellation de « nouveau cartel de Juarez » ou La Linea est dirigé par Hernando Grisales Grisales alias « Grisaldo ». Il continue de maintenir son emprise dans l’État de Chihuahua et sa frontière avec les États-Unis.

Le Cartel de Tijuana ou des frères Arellano Félix contrôle la frontière en Basse Californie, disputée avec le Cartel de Sinaloa. Il s’est rapproché du CJNG au point de prendre le nom de « cartel de Tijuana nouvelle génération ».

Le Cartel Unión Tepito et celui de Tláhuac sont des gangs fondés relativement récemment – le premier en 2009, le second en 2012 – qui opèrent dans la Vallée de Mexico.

Les Guerreros Unidos qui regroupent des activistes qui ont quitté le cartel des frères Beltrán Leyva et la Familia Michoacana et los Rojos (ces derniers affaiblis en 2011-12 par une guerre contre los Metros, un des bras armé du cartel du Golfe) sont concentrés dans le Guerrero, et Los Viagras (qui s’est opposé avec succès ay CJNG) dans le Michoacán.

Le Cartel de Santa Rosa de Lima (CSRL) est une organisation régionale principalement spécialisé dans le vol et la revente de carburant, activité connue sous le nom de « huachicolero ». Il est dirigé par Adán « El Azul » Ochoa. Il est en expansion dans le Guanajuato. Le cartel est en opposition avec le CJNG.

Depuis 2006, date officielle du début de la « guerre contre la drogue », plus de 275.000 personnes auraient été assassinées dans ce cadre sans compter les dizaines de milliers de disparus que l’on ne reverra sans doute jamais. Le Mexique est un « État failli », toutes les solutions n’étant plus « sur la table » comme ont l’habitude de le dire les Américains, mais ont été essayées les unes après les autres sans succès. Cela est la conséquence de la différence des moyens entre l’État et les cartels qui se résume à « combien est payé un fonctionnaire de police ou un militaire par rapport à un ‘sicario’ ? ». De plus, les cartels ne se contentent pas de terroriser les populations par des massacres qui dépassent ce qu’a pu faire Daech en horreur – et pourtant ce sont de fins « connaisseurs » en la matière -. Ils apportent des services sociaux que l’État régalien mexicain n’est plus capable de fournir depuis bien longtemps.

 

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Texte

Alain Rodier

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