La mafia de Naples, la Camorra, a commencé à s’en prendre aux ambulances qui traversaient les quartiers qu’elle gère toutes sirènes hurlantes. Ce tintamarre dérangerait les dealers et leurs clients qui sont en train de faire leurs affaires. En effet, entendant les sirènes et voyant les gyrophares, ils craignent que ces signaux soient ceux de la police et arrêtent donc leurs échanges.

Pour bien marquer l’avertissement, samedi 30 janvier, deux hommes sur une moto se sont portés à la hauteur d’une ambulance dans les quartiers espagnols du centre ville. Le passager de la moto a hurlé au conducteur de l’ambulance :  » vous n’avez pas compris que vous ne pouvez pas utiliser votre sirène ici ? Coupez la sinon on vous tire dessus ».

Les ambulanciers demandent désormais à être escortés par la police quand ils doivent traverser certaines zones sensibles de la ville. Mais faute de moyens disponibles, il leur a été demandé de ne plus utiliser leurs avertisseurs particulièrement dans les quartiers de Sanità et Traiano, des fiefs de la Camorra.

Les agressions d’ambulances sont assez courantes à Naples (une centaine par an) mais ces derniers incidents placent les personnels médicaux dans des situations de plus en plus difficiles : soit ils utilisent leurs sirènes à leurs risques et périls quand ils ne sont pas accompagnés de la police, soit ils sont insultés et parfois molestés par les proches de patients qui jugent qu’ils arrivent trop tard.

Il est vrai qu’à court terme, la mise à l’arrêt de l’économie italienne a pénalisé la pègre. Vendre et convoyer la drogue, prostituer des filles ou racketter des commerces fermés tient de la gageure. Mais ensuite, les mafias ont profité de la « Covid economy » pour revenir sur le devant de la scène avec des nouvelles activités. Quand les liquidités manquent, quand la consommation entre dans une spirale sans fin prévisible de crise, l’argent est indispensable :  » Quand le pain vient à manquer, on ne demande pas de quel four il sort, légal ou illégal ». C’est là une règle très ancienne et bien connue des mafias italiennes (voir mon article du 3 décembre 2020 : « Le crime organisé va profiter de la diffusion des vaccins contre la Covid-19 »).

 

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Texte

Alain Rodier

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