Mahmoud Al-Zein, un des supposé plus important « boss » criminel d’Allemagne surnommé le « Parrain de Berlin » ou « le présidente » est rentré dans son pays d’origine avant que les tribunaux allemands ne décident de son expulsion. Il a rejoint le Turquie le 29 janvier 2021 à bord d’un vol Schönefeld-Istanbul. Il avait un passeport turc alors que cette nationalité lui avait été retirée le 13 février 2002 car « il n’avait pas effectué son service militaire ». Il a ensuite rejoint Adana.

Venu du Liban où il a participé à la guerre civile à la tête d’une milice, il est arrivé en Allemagne en 1982. Il s’est rapidement intégré à la communauté arabo-kurde. Son origine exacte a longtemps posé question aux autorités allemandes jusqu’à ce qu’elles découvrent qu’il était né en Anatolie en 1972 sous le nom de Mahmoud Uca. Il a longtemps prétendu s’appeler Mahaiddine Al-Zein et être né à Beyrouth en 1966. Il serait membre de la communauté musulmane-assyrienne Mardalli et son clan serait fort d’au moins 2.000 âmes. Son père qui vit aussi en Allemagne serait originaire du village d’Üçkavak situé dans la province de Mardin (berceau de la communauté Mardalli).

Il a déposé une demande d’asile politique en 1984 qui a été refusée, décision confirmée en 1988 puis en 1992. Les autorités ne parvenaient pas à l’expulser car il était apatride.
Très actif dans l’économie souterraine au sein de ce que les Allemands appellent les « clans arabes »(essentiellement venus du Liban), il a été l’objet de nombreuses poursuites judiciaires (le chiffre de 70 depuis 2005 est avancé) et, en particulier, en mars 2008, il a été condamné à quatre ans et trois mois de prison pour trafic de drogue. Il aurait été condamné à dix autres reprises.

Al-Zein qui est marié et a neuf enfants vivrait officiellement uniquement grâce aux prestations sociales car il est déclaré « sans emploi ». Sa famille dont une partie a émigré du Liban vers l’Allemagne, lui voue une grande vénération, chose dont il est très fier car sa notion préférée est le « respect » (dû à sa personne).

Le retour de ce boss en Turquie va constituer une petite révolution dans le monde des mafias turques et kurdes qui sont réputées pour leur puissance (1) et leur violence d’autant qu’elles sont en pleine restructuration (voir mon article du 2 novembre 2020 : « Turquie, le retour des anciens caïds aux affaires« ). Étant donnés les désordres ambiants, les marchés parallèles libanais, syrien et, dans une moindre mesure irakienne, provoquent bien des convoitises chez les « Babas » turco-kurdes. Il pourrait s’en suivre une guerre des gangs où Al-Zein a son mot à dire étant donnés ses liens libanais. Cependant, il n’est pas certain qu’il soit vraiment apprécié par les autorités politiques turques qui ont toujours fait ce qu’elles pouvaient pour le maintenir loin du pays. Soit il va devenir un nouveau leader, soit … Le crime organisé en Turquie a pour tradition de régler ses problèmes à coups de calibres !

1. Elles contrôlent la « route des Balkans » qui amène une partie de l’héroïne afghane en Europe.

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