La force al-Qods des pasdaran a considérablement évolué durant les 23 ans de commandement du général Qassem Soleimani. C’est en effet lui qui a fait passer cette petite unité chargée des opérations secrètes hors d’Iran en une institution coordonnant l’action de « brigades internationales » composées d’Afghans, de Pakistanais, d’Irakiens, de Yéménites et de Libanais. De l’ombre, la force al-Qods est passée à la lumière devenant un symbole permettant de recruter des nouveaux adeptes et d’influer sur la gouvernance de certains pays.

Comme il fallait s’y attendre, la neutralisation par les Américains de bouillant général le 2 janvier 2020 a entraîné de considérables évolutions. Ni son successeur – et adjoint de toujours -, le brigadier général Esmaïl Qaani, ni son second, le brigadier général Mohammad Hossein-Zadeh Hejazi (désigné le 20 janvier 2020) ne se sont essayés à copier Soleimani sachant qu’ils n’avaient ni son charisme ni sa notoriété (c/f photos). Au contraire, ils ont replongé la force al-Qods dans une phase de clandestinité (en terme sous-marinier, on pourrait dire en plongée rapide) qui présente l’avantage de ne pas dévoiler les intentions de Téhéran, ses alliés directs mais aussi, le défaut de cette nouvelle stratégie réside dans le fait de moins attirer l’enthousiasme des foules chiites étrangères. Par mesure de sécurité, on ne les a jamais vu ensemble de manière à ce qu’une nouvelle opération homo ne décapite totalement la force al-Qods. Si Qaani est peu connu en dehors de ses contacts privilégiés en Afghanistan et au Pakistan, Hejazi est soupçonné avoir participé en tant que conseiller en renseignement et en sécurité auprès du guide suprême de la Révolution Ali Khamenei[ à une réunion en 1993 planifiant l’attentat dirigé le 18 juillet 1994 contre l’AMIA (Association Mutuelle Israélite d’Argentine) à Buenos Aires qui avait fait 85 tués (plus le kamikaze) et 300 blessés. Le passé de ces deux hommes, le premier étant l’ancien « chef d’état-major » de la force al-Qods dont il connaît tous les rouages et, le second, un spécialiste de la guerre secrète, laisse à penser que l’action clandestine va désormais être la règle.

Il n’en reste pas moins que les « brigades internationales » au premier rang desquelles se trouve le Hezbollah libanais, sont toujours très présentes. Les Hachd al-Chaabi (unités de mobilisation populaire) irakiennes, la division afghane Fatemiyoun et la brigade pakistanaise Zeinabiyoun sont toujours au front en Syrie (et en Irak) en soutien des régimes locaux. Au Yémen, il semble que les rebelles Houthis reçoivent de plus en plus d’aide sans que l’origine ne puisse en être concrètement identifiée. Enfin, il semble que la force al-Qods est en train de développer ses réseaux (déjà existants) en Afghanistan, au Pakistan et en Asie centrale.

Le président Donald Trump a réussi à éliminer une figure historique de l’activisme iranien. Résultat, son organisation a été rejetée dans la clandestinité pour les années à venir et il va être plus compliqué pour les services de renseignement occidentaux d’en percer les objectifs à court et moyen termes.

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Alain RODIER

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