Le Covid-19 a obligé l’OTAN a annuler la semaine dernière les manoeuvres de très grande ampleur « Defender Europe 2020 » qui devaient engager 32.000 hommes dont 20.000 Américains – pour partie venus des États-Unis -. Selon différents analystes, il s’agissait du plus grand déploiement de forces US stationnées au États-Unis en Europe depuis la fin de la Guerre froide.

En retour, Moscou a, à son tour, mis fin à tous les exercices militaires prévus ou en cours aux frontières de l’Europe. Ces manœuvres avaient été lancées pour « répondre » à ce que la Russie considérait comme étant une provocation de l’Occident.

Dimitry Peskov, le porte-parole du Kremlin a déclaré lundi 23 mars lors d’une conférence de presse que cette décision « était liée à la situation et au combat général contre le coronavirus ». À noter que les manœuvres « Defender Europe 2020 » avaient attiré les plus vives critiques du ministre des Affaires étrangère russe, Sergueï Lavrov, qui avait affirmé en février que la Russie prendrait les mesures réciproques à celles de l’OTAN.

Ce qui était vrai dans l’escalade martiale semble l’être aussi dans la désescalade (forcée du côté de Washington). Il aura fallu la pandémie dramatique du coronavirus pour faire baisser les tensions qui avaient été déclenchées par le camp occidental, ce qui avait automatiquement provoqué la riposte de la Russie.

D’autres exercices dénommés « Cold Response » ont aussi été annulés en Norvège et en Corée du Sud. Le vice ministre de la défense russe, Alexandre Fomin a déclaré dans un interview donné à l’Izvestia « nous essayons de trouver un terrain d’entente […] par exemple, nous avons décidé d’arrêter tous les entraînements militaires ayant lieu à proximité immédiates des frontières occidentales […] les avions militaires russes évoluant au dessus de la Mer Baltique ont leurs transpondeurs allumés [ce qui fait qu’ils peuvent êtres suivis en temps réel par les Européens] ».

Selon le proverbe, « à tout malheur une chose est bonne ». Les tensions militaires ont diminué en Europe mais il est évident que cela n’aura qu’un temps. Si les décideurs peuvent ensuite prendre la mesure de la situation et ne plus écouter les conseillers « va-t’en guerre habituels », l’humanité aura peut-être fait un gros progrès.

Pour l’instant, la grande parade militaire organisée à Moscou le 9 mai pour commémorer le 75ème anniversaire de la victoire sur les Nazis qui devrait engager plus de 10.000 hommes et recevoir de nombreuses personnalités étrangères (dont le président Macron) n’est pas remise en cause.

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Alain RODIER

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